"Valls est un crétin" : Michel Onfray et le Premier ministre s'écharpent sur la "gauche"


Publié le 09/03/2015 par SudOuest.fr

Transférer ce texte à une personne

Imprimer cette page


Le philosophe et le Premier ministre se sont affrontés dimanche et lundi via médias interposés. Le premier accusant le second d'avoir déformé ses propos sur la gauche. Retour sur deux jours d'échanges houleux

Il ne partagent manifestement pas la même vision de la gauche. Le philosophe Michel Onfray et le premier ministre Manuel Valls s'écharpent depuis dimanche dans les médias


À l'origine du clash, une interview de Michel Onfray au Point, où il dit, en substance, préférer une analyse "juste" de droite qu'une analyse "injuste" de gauche.

"Je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist à une analyse injuste de Minc, Attali ou BHL (ndlr : Bernard-Henri Lévy) (...) Les Papous vont hurler ! Mais ils ne me feront pas dire que je préfère une analyse injuste de BHL sous prétexte qu'il est dit qu'il est de gauche"


Qui est Alain de Benoist ?  Un essayiste et journaliste, ancien militant d'extrême droite, principal représentant du mouvement dit de la "Nouvelle Droite" à la fin des années 1970.


Onfray, fondateur de l'université populaire de Caen, n'épargne pas la gauche incarnée par les socialistes et Manuel Valls. Il fustige ainsi "la gauche mondaine, parisienne, celle de Saint-Germain-Des-Prés". "La gauche caviar de BHL", "libérale" et "qui rend responsables Houellebecq, Finkielkraut et Zemmour des attentats du 7 janvier" dit-il.


Il accuse notamment cette gauche d'avoir détruit l'école, abandonné l'emploi et l'égalité homme-femme ou encore d'avoir voté "le raccourcissement des retraites et l'augmentation du temps de travail, les restrictions de remboursements maladie".


Le premier ministre Manuel Valls a répondu dimanche a cette attaque sur Europe 1/iTELE/Le Monde :

"Quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français, Michel Onfray, explique qu'Alain de Benoist, qui était le philosophe de la Nouvelle droite dans les années 70 et 80, qui d'une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national, avec le Club de l'Horloge, le Grece, (...) au fond vaut mieux que Bernard-Henri Lévy, ça veut dire qu'on perd les repères.


"Dans ce moment-là, mon rôle, le rôle des formations politiques, c'est de faire en sorte qu'on comprenne quels sont les enjeux".


Michel Onfray a réagi ce lundi en traitant Manuel Valls de "crétin". S'exprimant sur Europe 1, le philosophe a reproché au Premier ministre de ne pas avoir lu les propos qu'il avait tenus dernièrement dans l'interview


Il a dû avoir ses fameux conseillers en communication qui lui ont fabriqué une petite fiche, ils n'ont pas compris ce que j'avais écrit", déclare-t-il, avant d'ajouter :

"C'est un crétin. J'ai vérifié dans le dictionnaire, ça s'appelle un crétin. Ce n'est pas insultant, c'est familier. C'est "un personnage qui vous fait tenir des propos que vous n'avez pas tenus et qui se contente de lire les fiches" de ses conseillers en communication, des "petits gominés trentenaires". 


"Je fais juste mon travail de philosophe en disant que je préfère une idée juste, et mon problème n'est pas de savoir si cette idée juste, elle est de droite ou de gauche", a précisé Michel Onfray. "Moi, l'homme de gauche, je préfère une idée juste de droite à une idée fausse de gauche".


"J'ai l'impression que Manuel Valls pense le contraire, c'est-à-dire qu'il préfère une idée fausse, pourvu qu'elle soit de gauche, à une idée juste si elle est de droite. Cela s'appelle de l'idéologie et un philosophe ne peut pas laisser passer une chose pareille", a-t-il jugé.


Pour le philosophe, "les repères sont perdus depuis que Mitterrand a converti la gauche à la droite". "Les reniements de la gauche font Marine Le Pen, créent Marine Le Pen et nourrissent Marine Le Pen", a-t-il encore dit.


http://www.sudouest.fr/2015/03/09/valls-est-un-cretin-michel-onfray-et-le-premier-ministre-s-echarpent-dans-les-medias-1853434-6039.php