Mouvement Initiative et Liberté

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Une communication du MIL

NON À L’ENTRÉE DE LA TURQUIE

DANS L’UNION EUROPÉENNE


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Repères : À l’issue d’un sommet à Bruxelles le dimanche 29 novembre 2015, le président du Conseil européen, Donald TUSK, a annoncé le versement de 3 milliards d’euros à la Turquie pour aider à accueillir des réfugiés syriens. Le premier ministre turc, Ahmet DAVUTOGLU, a obtenu la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE) et une délivrance accélérée de visas aux nationaux turcs pour de courts séjours ou des visites touristiques dans l’UE. On ignore encore qui va payer les 3 milliards promis à la Turquie.


Pour obtenir la prise en charge par la Turquie des réfugiés syriens présents sur son territoire (dont le nombre serait, au moins, de 2 millions) et une action des Turcs pour lutter contre l’immigration illégale et les passeurs (équipements des douaniers, achats de bateaux garde-côtes), les dirigeants européens ont accepté de relancer le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, gelée depuis quelques années, sur le volet des affaires économiques.


Depuis le début 2015, plus d’un million de Syriens, d’Irakiens, d’Afghans et de Pakistanais sont déjà arrivés dans l’Union européenne. Ce flux migratoire n’a jamais eu d’équivalent. Les Afghans et Pakistanais traversent, par la route, d’abord l’Iran avant d’entrer en Turquie, les Irakiens et Syriens accèdent directement à la Turquie. De là, ils pénètrent en Grèce et au-delà. Même si le flux des étrangers peut effectivement être freiné par la Turquie, les pays européens divergent toujours sur la question de l’accueil d’une partie de ces réfugiés : critères à prendre en compte, nombre de personnes à accueillir, rythme d’accueil, méthode adoptée (quotas imposés par pays de l’Union européenne ou non). Les positions de l’Allemagne, qui entraîne avec elle l’Autriche, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande, etc., de la France, de la Grande-Bretagne, ou celle des pays de l’Est européen diffèrent.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) s’étonne qu’une démarche de financement par l’Union européenne, du même type, n’ait pas été engagée avec les deux autres pays accueillant des réfugiés syriens, le Liban et la Jordanie, pour lesquels le poids des réfugiés est proportionnellement plus fort que pour la Turquie et qui ne parviennent pas à mobiliser les moyens permettant d’offrir un accueil décent aux réfugiés syriens.


Il faut rappeler que la Turquie est un pays asiatique, disposant juste d’une enclave en Europe. C’est un pays très peuplé (82 millions d’habitants), musulman sunnite. Son évolution progressive vers un régime autoritaire l’éloigne du modèle européen. Enfin, la Turquie est naturellement tournée vers les populations turcophones du Moyen-Orient et d’Asie centrale.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) considère que la signature de cet accord constitue un retournement politique incompréhensible de la part de l’Union européenne, compte tenu de l’évolution de la situation de ce pays.


D’une part, sa politique intérieure, menée ces dernières années par le président turc Recep Tayyip Erdogan, a été marquée : par des atteintes aux libertés publiques, comme l’emprisonnement de journalistes d’un quotidien d’opposition pour avoir révélé que le pays avait livré en 2014 des armes aux rebelles syriens et par la reprise de la répression féroce à l’encontre de la minorité kurde (20% de la population de la Turquie) débouchant sur un état de guerre civile.

D’autre part, sa politique extérieure a été marquée par une absence de tout contrôle de la frontière entre la Turquie et la Syrie, par laquelle ont pu transiter les islamistes européens rejoignant le Groupe État Islamique ou regagnant les pays européens (en particulier ceux ayant la nationalité française). Les trafics divers (pétrole, œuvres d’art, etc.) qui permettent le financement du Groupe Etat Islamique transitent sans contrôle, pour une bonne part par la Turquie. Enfin, ce n’est que très récemment que la Turquie a autorisé l’utilisation d’une base aérienne à l’aviation américaine pour mener ses frappes contre le Groupe Etat Islamique.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) réaffirme son opposition de principe à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. La réouverture de ce dossier dans les circonstances géopolitiques actuelles (reprise de la guerre civile intérieure, État musulman autoritaire, ambiguïté vis-à-vis du Groupe État Islamique, contentieux russo-turc, etc.) constitue une faute politique grave de la part des dirigeants européens en général et du socialiste François HOLLANDE en particulier.