Mouvement Initiative et Liberté

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Une communication du MIL

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MASTER, UN MAUVAIS COMPROMIS ENTRE SÉLECTION ET NON-SÉLECTION


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Repères : Un accord de principe sur l’organisation de l’accès à un cursus de master (deux ans M1 et M2) a été conclu le 4 octobre dans l’Enseignement supérieur. Il porte sur trois points : dès la rentrée 2017, les universités pourraient fixer des capacités d’accueil pour l’entrée en M1, afficher des prérequis (par exemple une Licence avec mention), organiser l’admission par un concours, etc. D’autre part, elles ne pourraient plus sélectionner entre le M1 et le M2, sauf en droit et en psychologie (où le M1 seul ouvre des débouchés). Enfin, pour un étudiant titulaire d’une licence qui n’a aucune proposition d’admission en réponse à ses candidatures en master, le recteur devra lui faire au moins 3 propositions d’admission, en tenant compte de l’offre de formation, des capacités d’accueil, du projet professionnel de l’étudiant, de l’établissement dont il vient, et des prérequis des formations. Une de ces propositions de master devrait être faite dans un établissement de la même académie.


Le gouvernement socialiste s’est engagé dans la voie d’un compromis entre, d’une part, la volonté de formaliser une sélection à l’entrée du master et, d’autre part, la création d’un «droit à la poursuite des études» pour les étudiants non acceptés dans les masters auxquels ils ont candidaté. Moyennant ce compromis, le gouvernement a obtenu l’accord des Présidents d’université (en demande d’une sélection) et des organisations étudiantes de gauche : FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes), proche de la CFDT, et globalement pro gouvernementale, et UNEF (Union Nationale des Etudiants de France), proche de la gauche du Parti socialiste (et plus particulièrement de Benoit Hamon), critiquant généralement le gouvernement sur tous les plans. Cette nouvelle formule d’accès des étudiants en Master a été acceptée par les organisations syndicales enseignantes du bout des lèvres, mais les positions exprimées ne sont probablement pas stabilisées.


La mise en place d’une sélection officielle en second cycle universitaire dès le M1 est une nouveauté et constitue dans une certaine mesure une rupture idéologique. La sélection à l’entrée et à la sortie du Master existait déjà, mais de manière implicite (des dossiers d’inscription étaient refusés). Elle devrait devenir officielle. Tel master pourrait demander, par exemple, la possession de telle licence précise avec mention «Bien» ou sélectionner ses étudiants sur concours.


Sur la forme, la mise en place du dispositif de sélection et réorientation des étudiants d’ici à la rentrée 2017 apparaît comme difficilement tenable dans la mesure où chaque diplôme va devoir formaliser ses critères, que ceux-ci devront être centralisés, que l’avancement des inscriptions conditionnera les places disponibles à redistribuer, que les outils en ligne restent à construire, etc. Sur un autre plan, les rapports entre le Recteur, chargé de proposer des solutions, et les Présidents des universités, chargés de proposer des places vacantes, ont toute chance d’être tendus. Cette tension apparaîtra après l’échéance présidentielle de mai 2017.


Sur le fond, la réorientation des étudiants dont les demandes auront été refusées pourra en partie être assurée par une régulation des inscriptions. Mais elle ne pourra pas avoir lieu sans la mise en place d’un certain nombre de Masters «pour les nuls ou parking» proposant des places sans grand prérequis ni perspective.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) condamne le compromis auquel est arrivé le gouvernement dans la mesure où la formule adoptée de «droits à la poursuite des études» n’est pas viable. Il faut accepter que la Licence puisse être un diplôme terminal à reconnaissance professionnelle sans encourager la poursuite systématique des études. De nombreux métiers et fonctions font l’objet de recrutement à bac+2/+3.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) considère que l’augmentation massive des effectifs en Master, induite par cette réforme, conduira à dévaluer ce niveau de formation, ou plus exactement si la réforme annoncée est mise en œuvre à établir un classement des masters sélectifs, très sélectifs ou non sélectifs publiés par l’ensemble des médias. Les débouchés des diplômés des masters «ouverts à tous» seront alors sans doute bien médiocres.