Mouvement Initiative et Liberté

www.lemil.org

Une communication du MIL

IMMIGRATION ET MACRON, COMMUNICATION ET POUDRE AUX YEUX


Télécharger la communication du MIL du 6 novembre 2019

Transférer ce texte à une personne

Imprimer cette page


Macron a pris la décision de repréciser sa politique en matière d’immigration, après une période de silence, suite à l’adoption de la loi «asile et immigration», assez creuse, de 2018 (Loi du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie). Il affirme de la sorte qu’il compte bien s’occuper de la question de l’immigration pour répondre à la demande des Français. Reste à voir comment. Sur ce sujet sensible, il a confié la présentation des projets de mesures à Philippe. Le Premier ministre a annoncé un ensemble de projets disparates pour tenter de disposer d’un «tout» acceptable de la droite à la gauche.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) constate que les 20 décisions annoncées constituent une liste de mesures pour la plupart déjà connues, voire déjà en vigueur. Aucune mesure spectaculaire ne figure dans les annonces. Leur seul but est d’affirmer que le gouvernement s’occupe de la question. Cette manœuvre de communication du gouvernement intervient alors qu’il se trouve en difficulté sur le plan social avec l’entrée en application de la réforme de l’assurance chômage et le projet de réforme des retraites qui est en suspens. Un récent rapport des inspections générales des affaires sociales (IGAS) et des finances (IGF) met l’accent sur les détournements des systèmes de soins réservés aux étrangers sans papiers et aux demandeurs d’asile. Des mesures concernent des ajustements dans l’accès aux soins des étrangers sans remettre en cause les dispositifs existants (Protection universelle maladie (PUMa) pour les demandeurs d’asile ou Aide médicale d’État (AME) pour les clandestins). Le gouvernement reconnait qu’il existe des cas de «tourisme médical» de la part de migrants attirés par la gratuité des soins en France, mais il n’en tire pas les conséquences.


Un exemple illustre bien ces mesures : Philippe annonce un décret pour réduire la durée de maintien de la PUMa de douze à six mois pour les demandeurs d’asile déboutés, ce qui veut dire, de fait, que le gouvernement n’envisage pas de mettre en œuvre leur expulsion en appliquant la loi actuelle.


Le gouvernement affirme vouloir combattre la fraude sociale. Par exemple, il s’agit d’empêcher la perception rétroactive du revenu de solidarité active (RSA) pour d’anciens bénéficiaires de l’allocation pour demandeurs d’asile (ADA). Il annonce la construction, à partir de 2020, de trois nouveaux centres de rétention administrative avec un total dérisoire de 370 places pour améliorer le taux de reconduite aux frontières. La modification des règles d’accueil (par quotas) de migrants économiques ne change rien ; ils ne représentent qu’une faible part de l’immigration (13% des titres de séjour délivrés). Le problème ne se situe pas là, mais principalement au niveau de l’immigration illégale qui, elle, n’est pas traitée. D’autres projets ont été cités en vrac concernant une réduction du montant des taxes sur les titres de séjour : l’élévation du niveau de français exigé pour la naturalisation, la mise en place d’un fichier des mineurs isolés étrangers de l’aide publique au développement, la politique d’octroi de visas, etc. Un débat au Parlement devrait désormais se tenir chaque année.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) note que la concrétisation des projets évoqués reste en suspens. Les uns dépendent d’une nouvelle loi (quotas d’immigration économique), d’autres de décrets (délais d’application), certains du déblocage de budgets pour permettre la concrétisation de mesures déjà adoptées (renforcement des effectifs de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides ou Ofpra), et, enfin, les derniers relèvent de décisions au niveau de l’Union européenne, dont l’aboutissement est pour le moins incertain faute d’une quelconque influence de Macron : effectifs de Frontex, refondation du système de Schengen, convergence des systèmes d’asile ou durcissement du règlement de Dublin, etc.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) dénonce la manœuvre de Macron et confirme qu’il est favorable à une autre politique de l’immigration, prenant en compte l’ensemble des problèmes posés, appliquant la loi et définissant des règles strictes.