Mouvement Initiative et Liberté

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Une communication du MIL

LES GAUCHES EN 2020


Télécharger la communication du MIL du 14 janvier 2020

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En ce début d’année 2020, il semble nécessaire de faire un point sur les forces politiques de gauche en France car de nombreuses confusions subsistent ainsi qu’une méconnaissance des évolutions intervenues depuis près de trois ans qui se cristallisent aujourd’hui autour de sujets d’actualité : retraite, climat.


IL FAUT S’ATTELER À L’ANALYSE DE LA DÉMARCHE DE MACRON


À l’origine de toute cette évolution, il faut bien comprendre que la démarche de Macron était motivée par la volonté de mettre un terme aux clivages entre sociaux-démocrates et socialistes-marxistes au sein du PS. Clivage qui avait pénalisé le quinquennat de Hollande et gelé les décisions. Situation qu’il a vécue de l’intérieur de l’exécutif. La mise hors-jeu de Dominique Strauss-Kahn (pour les raisons que l’on sait), qui devait effectuer cette opération, a permis à Macron de conquérir le pouvoir. C’est ainsi qu’on retrouve à l’Élysée autour de Macron beaucoup d’anciens collaborateurs de DSK. Macron a rassemblé derrière lui des élus socialistes (environ 150 parlementaires) et le parti de centre gauche (le MoDem), puis des supplétifs avec Agir et le mouvement radical.


Il a été élu sur un programme de gauche social-démocrate qui constitue effectivement une rupture avec le programme socialiste à tendance marxiste du PS, porté successivement par Mitterrand, puis Jospin.


Macron mène une campagne de communication permanente défendant une ligne «ni droite - ni gauche». D’une part, il a réussi à acheter quelques transfuges opportunistes provenant de la droite en leur offrant une nouvelle carrière. C’est l’exemple de Philippe, Lemaire et Darmanin qui ont abandonné leurs positions antérieures, leurs familles... D’autre part, Macron a introduit bien des ambiguïtés sur ses déclarations pour séduire une catégorie de citoyens peu férus de politique. Il excelle dans le «dire et ne rien faire» pour séduire et tromper. Enfin, sa stratégie est confortée par les attaques de la gauche de la gauche qui le traite de libéral, d’ultra-libéral et de «président de droite» lié à la finance internationale et au patronat !


MACRON INCARNE LA GAUCHE SOCIALE-DEMOCRATE EN FRANCE


Ce flou sciemment entretenu ne doit pas occulter la réalité : Macron incarne depuis 2017 la gauche social-démocrate en France. Il est vrai que ce courant politique se trouvait en retrait depuis la IVe République, ce qui explique son fréquent défaut d’identification. La politique menée par Macron suit les exemples, déjà anciens, des réformes intervenues en Grande-Bretagne (avec Tony Blair) ou en l’Allemagne (avec Gerhard Schröder).


Dans la pratique, la politique menée depuis 2017 a été marquée par une centralisation (nationalisation des acteurs, rejet des corps intermédiaires), des ajustements économiques mineurs de façade, un maintien d’un haut niveau de pression fiscale, une croissance de la dépense publique et l’augmentation de la dette, une absence de mesures significatives en matière d’immigration et de défense de la laïcité. Ses positions sont combinées avec une aspiration «libérale-libertaire» sur le plan sociétal avec les projets de «PMA sans père», de reconnaissance de fait de la GPA, de dépénalisation de la consommation de drogue, de la réduction des mises en détention de délinquants pour vider les prisons.


Jusqu’à présent, Macron tire paradoxalement son image «de droite» du soutien implicite dont il bénéficie de la part de responsables du MEDEF, de certains financiers, de clubs d'hommes d'affaires et de divers «instituts». Ceux-ci pensent tirer profit de sa politique, car ils le considèrent comme un moindre mal, au moins dans l’immédiat. Le soutien à Macron de certains médias «économiques» (Les Échos, BFM, etc.) découle de ces milieux.


Les milieux économiques ne sont pas, par nature, «de droite», mais seulement pragmatiques. Une gauche social-démocrate leur convient très bien à certaines conditions. Les gaullistes ont déjà eu l’occasion de le constater.


À contrario, une certaine partie des catégories socioprofessionnelles plutôt classées à droite participe au mouvement social actuel contre la réforme Macron des retraites. C’est le cas des cadres du secteur privé (CFE-CGC) ou des professions libérales (avocats, médecins, experts-comptables) dans la mesure où le projet du régime universel de retraite prôné par Macron est, en fait, fondamentalement de gauche (ce qui est occulté par la complexité du projet).


LA «GAUCHE DE LA GAUCHE» AFFIRME SON OPPOSITION À LA POLITIQUE DE MACRON


Les gauches socialistes, marxistes et écologistes affichent leur opposition frontale avec la politique de gauche social-démocrate de Macron. Ces forces politiques sont profondément divisées, mais elles sont, au total, majoritaires à gauche (voir l’élection européenne). L’électorat de la gauche social-démocrate reste très minoritaire en France. Ceci explique pourquoi Macron utilise tous les relais pour chasser un électorat de droite avec parfois l’aide de journalistes complaisants.


La gauche de la gauche s’est retrouvée à l’occasion d’un meeting unitaire pour demander le retrait de la réforme des retraites, organisé par le Parti communiste à Saint-Denis (93), le 11 décembre 2019. Il a réuni l’ensemble de la gauche écolo marxiste et étaient présents des socialistes (Parti socialiste (PS), Place publique ou Génération.s), des écologistes (Europe Ecologie-Les Verts (EELV)), des communistes du PCF, des Insoumis de La France insoumise (LFI), la Gauche républicaine et socialiste, les trotskystes de Lutte ouvrière (LO) et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Les syndicats Solidaires et la CGT étaient également présents. L’unité de la gauche de la gauche ne se réalise que sur le rejet de la réforme des retraites. L’opposition au gouvernement d’Édouard Philippe et à Emmanuel Macron reste le plus petit dénominateur commun de la gauche de la gauche.


Les démarches actuelles des responsables politiques de la gauche de la gauche semblent s’organiser autour de quatre pôles :


-Un pôle s’inscrit dans la tradition de l’«Union de la gauche» d’autrefois, réunissant les Radicaux de gauche, le PS et le PCF, ou ce qu’il en reste.


-Un pôle écologiste anticapitaliste (EELV) souhaite farouchement conserver son indépendance en réalisant éventuellement quelques alliances locales (municipales ou régionales).


-Un pôle «Insoumis» (LFI) avec des personnalités actives, mais plombé par la chute progressive de Mélenchon et la perte définitive des supplétifs du PCF.


-Une mouvance trotskyste en fort recul, mais toujours ponctuellement active dans quelques bastions. Elle peut attirer, le moment venu, les anarchistes, autonomes et radicaux de l’ultra gauche.


Les divers micros partis (Génération.s, Place publique, etc.), issus de l’éclatement du PS, vont se retourner vers l’un de ces pôles, selon les circonstances.


Les forces politiques de la gauche de la gauche ne semblent pas en mesure de converger lors des élections à venir en dehors de quelques alliances locales aux municipales de 2020 ou aux régionales de 2021 (à la proportionnelle). Elles ne disposent pas d’un leader reconnu ni d’un programme commun. Elles ne présentent pas à ce jour d’une offre de gouvernement.


Mais compte tenu du contexte de forte tension sociale les gilets jaunes, puis la mobilisation d’organisations syndicales), ces forces politiques peuvent bénéficier d’une dynamique électorale globale. En cas de bons résultats électoraux, cela peut conduire pour 2022 à la construction d’un projet écolo-socialiste anticapitaliste susceptible de rallier l’essentiel des forces de gauche de la gauche contre la gauche social-démocrate.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) souhaite contribuer à ce que tous les citoyens identifient bien les deux gauches, social-démocrate et socialiste marxiste, pour comprendre, soutenir ou retrouver la Droite républicaine. Celle-ci doit réfléchir en profondeur pour s’adapter à cette nouvelle situation politique. Une rupture nette avec la social-démocratie apparait comme un préalable politique pour construire une force de gouvernement. Elle reste à être formalisée plus clairement.