Mouvement Initiative et Liberté

www.lemil.org

Une communication du MIL

L'ŒUVRE SOCIALE IMPORTANTE DU GÉNÉRAL DE GAULLE


Télécharger la communication du MIL du 20 mars 2024

Transférer ce texte à une personne

Imprimer


En 2001, le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) a organisé une convention sur la participation. L'amiral Philippe de Gaulle, sénateur de Paris, membre du comité d'Honneur du Mouvement Initiative et Liberté (MIL) nous a fait l'honneur d'y participer. Il a souhaité intervenir lors de ce colloque. Voici le texte intégral, sans correction, de son intervention. Il n'a jamais été publié avant ce jour. Lorsqu'on relit son intervention, on découvre une formidable leçon d'histoire du gaullisme.


Monsieur le président je vous suis reconnaissant des paroles très bienveillantes et trop aimables que vous venez de prononcer à mon égard. Je les prends comme un hommage au général de Gaulle dont j'ai l'honneur de porter le nom. Comme vous le savez, je suis attaché au Mouvement Initiative et Liberté (MIL) car j'y ai reconnu l'esprit et l'action du général lui-même, plus que beaucoup d'autres groupes. Je vous suis reconnaissant de me laisser la parole au début de ce colloque. Je n'ai certes pas la prétention de le faire en premier en vertu de quelques privilèges du genre «Primam partem tolo coni am nominor leo» ou vulgairement dit : je prends la première part parce que je m'appelle Léon. Mais parce que le corps du sujet sera beaucoup mieux traité par d'autres que moi. En conséquence mon propos ne sera qu'une espèce de préface à l'ouvrage si je puis dire, un préambule.


La participation comme vous le savez est une idée fondamentale du général de Gaulle. Elle est souvent reprise par les socialistes en ce moment sous le terme d'intéressement parce que le nom qui lui avait donné son inventeur leur brûle la gueule si je puis dire. Il en est d'ailleurs de même pour la régionalisation et d'ailleurs, dans le projet de régionalisation, il y avait aussi un paragraphe sur la participation qui a peut-être été une des causes pour lequel elle a été refoulée. Régionalisation refusée au général de Gaulle par le referendum d'avril 1969 et qu'on retrouve fréquemment avec des imperfections qui en deviennent souvent l'application sous le nom de décentralisation. Quoi qu'il en soit, les socialistes reprennent sans vergogne et en les déformants les idées qu'ils avaient combattues. La participation qui s'applique maintenant d'une manière non négligeable dans les grandes entreprises et dans les moins grandes, s'impose finalement petit à petit, preuve que l'idée finalement n'en était pas si mauvaise.


Je dois vous dire que je suis révolté par l'occultation systématique par les professionnels de la revendication, de l'œuvre sociale du général de Gaulle. Si on veut bien consulter l'officiel et les signatures des décrets et se souvenir de la conjoncture, pour ceux qui ont encore un peu de mémoire, on s'aperçoit que cette œuvre sociale du général est finalement la plus considérable depuis la fin de la guerre. Je dois dire aussi que le général lui-même a trop laissé cette occultation se faire à son détriment. Ce qui a permis à tous les bons apôtres comme il disait de s'approprier allègrement son œuvre. Comme je lui faisais remarquer qu'il ne disait pas assez haut ce qu'il faisait dans le domaine social, il me répondit en substance : «l'Histoire ne pourra pas manquer de mesurer dans ma manière de gouverner, mais en attendant, je me garde bien dans mes discours d'en évoquer trop directement les modalités car alors les Français qui revendiquent tout le temps et se plaignent toujours ne me parleront plus que de leur quotidien et je ne pourrais plus alors leur parler des grandes orientations économiques qui permettent d'atteindre la prospérité seul moyen préalable de tous les progrès sociaux».


Le général se proposait néanmoins de mettre les points sur les i dans ses mémoires d'espoirs mais comme vous le savez, il est décédé bien avant d'avoir pu les terminer. Je ne parlerais donc pas personnellement de la participation elle-même, sujet qui va être évoqué, qui va être développé fort bien et à fond et les autres intervenants éminents que l'on a convié à en traiter aujourd'hui.


Mais je voudrais combler cette lacune flagrante de l'information en rappelant l'œuvre sociale du général de Gaulle dont la participation est l'un des éléments essentiels contre l'archaïque et néfaste lutte des classes qui est encore l'unique raison d'être de certains.


L'œuvre sociale des gouvernements Français a commencé bien avant le général de Gaulle. Même si ce dernier y tient la place la plus importante de son temps. Sous l'autre régime, il avait été décidé les assurances sociales créées en 1928 par le gouvernement modéré d'André Tardieu, les allocations familiales instaurées en 1932 par un gouvernement dit de droite, la quinzaine de jours de congés payés étendue en 1936 par un gouvernement Blum. Depuis, les grandes entreprises où les quinze jours de congés payés existaient déjà, il y a eu extension de ces mesures de quinze jours  de congés payés à tous les salariés. Deux autres semaines seront rajoutées après la guerre, le 20 mai 1965, encore sous un gouvernement du général de Gaulle. La limitation du temps de travail, problème aussi vieux que l'humanité fût une œuvre quasi continue de tous les temps.


Là, je fais une parenthèse puisque nous sommes dans les 35 heures, si je puis dire. Mais mon père s'était gardé de toucher à la quarantaine d'heure instaurée sous le front populaire parce que pour lui 3 X 8 = 24. Cela permettait de faire les 3 X 6 dans la journée et les 5 X 8 = 40 pour travailler 8 heures, un temps normal dans la journée cinq jours par semaine. À partir du moment où vous tombé en dessous, ce qui est la mesure bancale des 35 heures, on ne peut plus rien assumer. On ne peut plus faire la police, on ne peut plus marcher dans les hôpitaux et j'en passe, enfin vous le savez aussi bien que moi.


Dès avant la guerre, Charles de Gaulle avait été en contact avec les populations ouvrières et paysannes du Nord, des régions parisiennes ou de Saint-Étienne. En particulier les mineurs parmi lesquels travaillent ses frères. Il avait deux frères ingénieur des mines et son beau-frère qui était un troisième ingénieur des mines. Il avait côtoyé, il avait retrouvé les mineurs et les cultivateurs au service militaire dans le Nord. Il connaissait la situation catastrophique des familles de journaliers nombreux à l'époque qui étaient privées de ressources en cas de maladie. Visitant ensuite les grandes agglomérations et les régions industrielles libérées, il avait été frappé notamment à Lille, sa ville natale, par l'aspect de pauvreté des populations, ce qui l'avait confirmé dans son propos élaboré dès la France libre à Londres, d'instauré en France aussitôt que possible une organisation mutuelle au bénéfice de ceux que l'accident ou la maladie a frappé.


C'est son discours à Oxford, dès 1942, qui commence à résumer toute cette orientation sociale future. Il avait tiré profit d'une étude très complète de l'économiste Beveridge, ministre du travail de Churchill et qui appartenait au parti libéral britannique. Lord Beveridge s'était inspiré du système de sécurité sociale créé à la fin du 17ème siècle par Bismarck en Allemagne et en Alsace-Lorraine annexée. Système dans lequel les villes et les villages payaient les médecins, les hôpitaux et les pharmacies. Le général  avait chargé l'Assemblée consultative d'Alger de préparer ce dossier en 1943, c'est à dire peu après son installation à Alger. Après le retour de la République à Paris le 25 août 1944, c'est à dire aussi très tôt, le chef du gouvernement provisoire en confie la rédaction en terme de lois et règlements à deux conseillers d'état éminent, Alexandre Parodi, qui était vice-président du Conseil d'État, le président étant le chef de l'état, je le rappelle pour le Conseil d'état, et Pierre Laroque qui était président d'une des chambres du Conseil d'État. Les recommandations à ce sujet prêtaient souvent après coup au Conseil national de résistance qui n'existe plus depuis la restauration de l'état et la libération de Paris, mais qui prétend se proroger par quelques anciens ou nouveaux cooptés qui n'y ont plus aucune espèce de mandat, ni d'autorité, ne sont pas des références valables. Je dis cela parce que chaque fois que l'on parle de lois sociales aux communistes, ils se réfèrent toujours au CNR (au Conseil National de la Résistance) où ils s'étaient, par cooptation, assurés une forte majorité alors que ce CNR n'existait plus.


Les mentalités à la libération ne sont pas tout à fait prêtes à la réalisation d'un système général d'assurance, de solidarité et de soutien mutuel pour chacun. D'autant que des caisses séparées et particulières aux différentes activités existent depuis longtemps. Soit sous des formes patronales paternalistes, soit selon des assurances accident créées en 1898. Les syndicalistes seraient plutôt favorables individuellement au système par le général mais leurs appareils hélas politisés y sont délibérément opposés, ils craignent en effet de perde le monopole et le contrôle qu'ils exercent de fait sur les nombreux régimes spéciaux des grandes entreprises : Gaz, électricité, chemin de fer, mines, marine marchande, pêche, métallurgie, grands magasins etc. Ainsi le communiste Gaston Montmousseau prend-t-il la tête d'une violente campagne contre le général de Gaulle au sujet de la sécurité sociale en titrant ses éditoriaux dans l'humanité : «Tentative d'immatriculation à l'Allemande des travailleurs» ou bien «retour au livret d'ouvrier de Badinguet». C'est essentiellement parce que la mesure vient du général qu'elle doit être combattue d'autant que tout ce qui est acquis par le travailleur doit paraître arraché et en aucun cas octroyé. Toujours la lutte des classes. On en aurait discuté pendant des années dira le chef du gouvernement provisoire à l'époque lorsque de sa propre autorité et presque contre tous, il signe ou signera les ordonnances du 30 septembre 1944 et des 4 et 19 octobre 1945 portant création et organisation de la sécurité sociale. J'ai dit organisation de la sécurité sociale, ce n'était pas des décrets vagues. Elles seront non sans réticences contresignées par application et je dirais même par obligation pour certaines par les ministres de la santé et de la population, du travail et de l'intérieur. Très réticents.


Les mesures sociales prisent par le premier gouvernement du général de Gaulle à la libération ne sont d'ailleurs pas limitées à la seule sécurité sociale. Dès septembre 1945, ont été signées d'autres ordonnances instaurant des allocations familiales de maternité, des primes de naissance et le 31 décembre 1945, l'instauration du quotient familial qu'il ne faut pas confondre avec les allocations familiales, comme vous le savez, qui vise à aider les plus modestes, mais le quotient familial qui est pour aider à la natalité. C'est à dire que les femmes avec des enfants doivent avoir le même niveau de vie qu'auparavant pour inciter à en avoir et non pas ce qui avait été constaté à l'époque et encore maintenant, à partir du 4ème enfant le niveau de vie quel que soit le milieu diminue de moitié. Et le quotient familial diminuait de moitié les impôts sur le revenu à payer à partir de 4 enfants. On en est loin maintenant, je crois que c'est limité ou plafonné à 25000 francs et encore cela diminue tous les ans.


Quelques mois après le départ du général de Gaulle, le 21 janvier 1946, les syndicats s'apercevront qu'ils pourront noyauter à leur aise le nouveau système. Tandis que le gouvernement d'alors tripartite mais à large majorité marxiste (2/3 socialo-communistes) procèdera à un recrutement massif des personnels (le noyautage) dont les tendances politiques compteront plus que les compétences. Ce qui rendra le démarrage de cette nouvelle administration d'autant plus lourd et moins efficace.


Encore une parenthèse, nous avons un peu la même chose à la mairie de Paris en ce moment, vous avez 50.000 fonctionnaires qui tournent en rond. Plus personne ne comprend rien sur 20 statuts pour les 35 heures et tend à remplacer ces fonctionnaires, les camarades venus de province des municipalités qui ont été sorties, toujours le noyautage, vous voyez quelle efficacité cela va donner à l'administration de la ville de Paris.


À partir de janvier 1946, et tandis que les syndicats s'empare de la sécurité sociale, si on peut dire, le général de Gaulle sera systématiquement gommé des références et tout le monde se targuera d'avoir inventé la sécurité sociale. Le parti communiste prétendra même qu'Ambroise Croizat devenu ministre du général après les élections d'octobre 1945 et qui l'est resté après le départ du général, il y aura, je cite l'humanité, attaché son nom à tout jamais. En réalité Ambroise Croizat n'avait accepté de faire voter, après le départ du général en 1946, la généralisation de la loi aux travailleurs indépendants. Et ces derniers par un rare aveuglement obtiendront que le parlement revienne sur cette mesure de sorte que le nom du dit ministre ne sera finalement associé qu'à un texte mort-né.


En 1958, dès le retour au pouvoir du général de Gaulle, son premier gouvernement crée l'UNEDIC, le 30 décembre 1958. Il prolonge de 14 à 15 ans la scolarité primaire ou d'apprentissage. Puis en 1960 de 15 à 16 ans. Malheureusement avec la complicité des enseignants et la lutte permanente des syndicats marxistes contre l'apprentissage déclaré : «discrimination inégalitaire et exploitation des jeunes par les patrons», ce dernier apprentissage sera sournoisement écarté pour ne laissé en pratique que la prolongation de la scolarité, sans discernement des aptitudes. En 1961, sont instauré les régimes des retraites complémentaires de l'ensemble des salariés et de l'assurance chômage. En signant l'accord sur les ASSEDIC avec les syndicats, sauf la CGT qui ne signe jamais rien pour maintenir la lutte des classes qui est sa raison d'être, le général dit ironiquement au secrétaire général de force ouvrière : «Et bien monsieur Bergeron, nous venons de signer l'accord sur l'indemnisation du chômage mais il n'y a pratiquement pas de chômeurs, sauf le minimum technique incompressible soit un peu plus de 60.000». «C'est vrai mon général» répondit monsieur Bergeron, «mais après vous il ne manquera pas d'y en avoir bien plus». On dit que le général de Gaulle n'avait jamais de contact avec les syndicats, il en avait tout le temps, mais comme je l'ai dit, il ne voulait pas en faire état au quotidien car on n'aurait plus parlé que de cela.


En 1962, la sécurité sociale est étendue à l'agriculture, puis au commerce, puis, en 1966, à l'ensemble de l'artisanat et des travailleurs indépendants, 20 ans après Ambroise Croizat. Le 20 mai 1965, généralisation de la 4ème semaine de congés payés. Le 23 février 1968, instauration des allocations de chômage partiel et enfin le 10 février 1969 signature avec les syndicats sauf la CGT, toujours, d'un accord sur la sécurité de l'emploi. Par délégation de pouvoirs spéciaux en matière économique et de gouvernement, le 18 août 1967, paraît l'ordonnance sur la participation des salariés à l'extension et au fruit de l'entreprise. Vieille idée de mon père pour sortir le monde du travail du prolétariat.


Cette idée soutenue par les gaullistes de gauche, les vrais, dit-il, c'est à dire ceux qui ont toujours des socialistes contre eux. Il se heurte naturellement aux patrons qui craignent d'avoir à trop informer les ouvriers dans un contexte de lutte des classes et d'être gênés pour diriger leur entreprise et d'autre part aux syndicats ouvriers qui voient justement un affaiblissement de cette même lutte des classes qui font le moteur de leurs revendications. Mais la ténacité du général de Gaulle fera, petit à petit, passer cette participation d'un taux symbolique à un appoint non négligeable pour les salariés au fur et à mesure des décennies.


Quatre jours plus tard, c'est à dire le 22 août 1967, de nouvelles ordonnances réforment la sécurité sociale. Comme vous le savez, fondée et organisée en 1945 par le général de Gaulle. Ces dernières sont encore en application à l'heure présente, ce qui n'empêche pas les mal intentionnés de prétendre que le général, dont l'œuvre sociale a dépassé de loin celle de tous les autres gouvernements d'après-guerre et même d'avant, ne se souciait pas du bien-être du peuple. C'est ce que m'a dit monsieur Hue, il n'y a pas longtemps. Le plus extraordinaire est que ces bons «apôtres» réussissent encore à le faire croire à beaucoup.


Je vais m'en tenir à ces mesures sociales principales du général de Gaulle que je n'ai pu m'empêcher de rappeler tant m'indigne l'ignorance des Français à ce sujet. Ignorance soigneusement entretenue par les professionnels de la revendication et de la démagogie comme je l'ai dit. Malgré ces nombreuses dispositions adoptées au fur et à mesure des besoins et du temps, le général entretenait toujours une réflexion fondamentale sur l'abolition du capitalisme ancien et du marxisme qui s'y superpose et dont il jugeait les luttes profondément néfastes.


Aussi écrivait-il à Marcel Loichot syndicaliste CFDT je cite : «Peut-être savez-vous que depuis toujours je cherche un peu à tâtons la façon pratique de déterminer le changement non point du niveau de vie, c'est une autre question, mais bien de la condition de l'ouvrier dans notre société industrielle, ce doit être le commencement de tout comme l'accès à la propriété le fût dans notre ancienne société agricole».

 

Mais la participation, le patronat qui y voyait une difficulté supplémentaire de la lutte des classes et le Premier ministre Georges Pompidou qui résistait. C'était déjà la fêlure, ou le début de fêlure, entre le Premier ministre et le Général qui commençait à poindre. Les élections législatives de mars 1967 qui n'avaient laissé qu'une voix de majorité au gouvernement du Général entravèrent les développements de ce projet. Pas question de changer le second du navire par mauvais temps. Pompidou, bien que manifestant de la lassitude et des résistances, fut reconduit pour la troisième fois, après 10 jours de délais, je le rappelle, car le général a beaucoup hésité, contrairement à ce qui est dit, car Pompidou était très réticent d'encore continuer. Il s'est décidé au dernier moment et au moment où Couve De Murville venait d'être nommé, il s'est ravisé, c'était un peu tard, c'était trop tard.


De nouveau Premier ministre, Pompidou pousse l'envoi à Rome de Burin des Rosiers qui était secrétaire général de l'Élysée et qui s'intéressait beaucoup à la participation. Il est remplacé par Bernard Tricot en juin 1967 qui n'a été en aucun cas déloyal, bien au contraire, mais qui n'était pas parti des mêmes bases. Pompidou et son équipe cherchent à éloigner le général des soucis et des problèmes et laisser dormir des projets de réformes qu'il a préconisés.


Ainsi les instructions datant de 1963 d'ailleurs relative à la réforme universitaire et le plan de réforme de la police préparé par Léon Noël et entériné par le gouvernement furent-ils mis en sommeil ou carrément détournés. À plus forte raison, Pompidou s'efforçait-il de dissuader le général de sa grande idée de la participation à soumettre au referendum. L'Élysée est accusé par Giscard d'Estaing, en juillet 1967, d'exercice solitaire du pouvoir ou insidieusement Pompidou essaye de confiner Charles de Gaulle aux politiques militaires et étrangères dont le Président de la République est naturellement le chef. C'est à la fois par sollicitude pour le général, d'essayer de lui enlever un certain nombre d'ennuis mais aussi par calcul politique que Pompidou faisait cela, il y avait les deux à la fois. Le général en s'entretenant à l'époque avec David Rousset constate l'incapacité où il se trouve de réaliser ses idées de participation. Je le cite : «Il faut condamner le vieux régime capitaliste mais je suis coupé des Français, je suis seul et ne trouve pas d'hommes de bonnes volontés qui comprennent le sens de la bataille».

 

Au dernier Conseil des ministres d'avril 1968, le général, une fois de plus, remet sur le tapis les problèmes des réformes sociales et les mesures en faveur des familles. C'est avant les événements de 1968, et on vit alors, chose étonnante dans ce décor de l'Élysée dont la pérennité incitait à l'immobilisme, Georges Pompidou n'a pas laissé passer mais a dit carrément son opposition à ces projets, selon lui, irréalistes. Quelques jours plus tard, la tourmente de mai 1968 allait donner raison au Président de la République contre le Premier ministre. Mais c'est le premier Président de la République qui en sera la victime à terme et c'est sur un Charles de Gaulle diminué que s'abattit la tempête qu'il n'avait pas vu venir, ce qui lui a fait dire qu'il avait failli à la prévoir et non pour une autre raison. Comme je n'ai pu m'empêcher de le rappeler car elle est trop ignorée, le général  a bien laissé une œuvre sociale importante dont la participation est l'une des idées majeures pour changer fondamentalement la condition ouvrière et je suis profondément reconnaissant aux autres intervenants de prendre maintenant la parole pour l'exposer.