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VI­GILANCE & AC­TION - N° 331  JANVIER 2016


20 ANS APRÈS LA MORT DE MITTERRAND, LES SOCIALISTES N’ONT PAS CHANGÉ


Repères : François Mitterrand est mort il y a vingt ans, le 8 janvier 1996, à son domicile de Paris.


François Mitterrand entrera un jour dans l’histoire de France, comme ayant occupé la fonction de président de la République durant 14 longues années (1981 à 1995). Les défunts sont toujours parés de toutes les vertus. La presse oublie pieusement les faiblesses, les défauts, les mensonges, les lâchetés pour ne retenir que les qualités. La presse passe sous silence les zones d'ombre et l'on ne veut voir que le côté ensoleillé du disparu.

Dans l’immédiat, le gouvernement socialiste reste très lié à lui. François Hollande était l’un de ses chargés de mission dès 1981. Son ancien premier ministre (de juillet 1984 à mars 1986), Laurent Fabius, est encore ministre du gouvernement ! De même que bien d’autres dirigeants socialistes actuels qui avaient choisi d’être désignés comme la «Génération Mitterrand». Depuis la période Mitterrand, le Parti socialiste ne s’est pas réellement renouvelé. Il n’a pas tenté, ou réussi, sa mue, comme l’ont fait tant de partis socialistes dans d’autres pays européens.

Jean-Christophe CAMBADELIS, premier secrétaire du PS, ne rêve que d’une «nouvelle alliance» avec les communistes pour 2017, c’est-à-dire un nouveau «programme commun».

Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) note que les positions de l’homme politique Mitterrand ont tant évolué, des années 1930 aux années 1990, qu’une synthèse se révèle impossible.

Un fait mérite néanmoins d’être noté. Mitterrand a été un adversaire constant du général de GAULLE : lors de sa période dans les services du gouvernement de Vichy, puis, durant toute la durée de la IVème République et, enfin, aux débuts de la Vème République. En 1965, il a été l’adversaire, heureusement battu, du Général de GAULLE à la première élection présidentielle au suffrage universel. Il faut se souvenir de ce qu’il a écrit dans son livre Coup d'état permanent «Et qui est-il, lui, de Gaulle ? Duce, Führer, Caudillo ? J'appelle le régime gaulliste dictature.»

Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) retient que Mitterrand a été élu président de la République en 1981 sur la base du «programme commun» élaboré de concert par les socialistes et les communistes, sur des idées clairement marxistes. Dès l’élection de Mitterrand en 1981, la nécessaire opposition à la politique menée par le premier ministre, Pierre Mauroy, a été à l’origine même de la création, par réaction, du Mouvement Initiative et Liberté (MIL). Cette opposition concernait entre autres : la désignation de quatre ministres communistes au gouvernement Mauroy après les législatives de 81 ; des mesures contre la sécurité publique : suppression de la Cour de sûreté de l'État, abolition de la peine de mort, abrogation de la loi «Sécurité et Liberté» ; la régularisation des étrangers en situation irrégulière ; la nationalisation de 1982 des grandes banques et de grands groupes industriels ; les dévaluations du franc (en 1982 puis 1983) et l’explosion de la dette liée à un déficit budgétaire record qui nous suit encore aujourd’hui, etc.

Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) rappelle que cette politique d’inspiration marxiste a conduit à une forte impopularité. En octobre 1983, François Mitterrand ne compte plus en effet que 32 % de satisfaits, le Premier ministre, Pierre Mauroy, 28 %. Les chiffres de Hollande avant l’heure !

Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) contribua largement à la mobilisation populaire visant à sauver l’enseignement privé, menacé par un projet de loi du ministre de l’Éducation nationale, Alain Savary. En 1984, face à des manifestations monstres, Alain Savary (le fondateur du Parti socialiste en 1974) démissionna et le projet de loi fut abandonné. Pierre Mauroy fut remplacé par Laurent Fabius, pour mener une politique moins marxiste.

On pourrait aussi rafraîchir la mémoire des Français sur les affaires, les écoutes, la vie privée du président devenue affaire d'État. L'itinéraire de Mitterrand fut, au total, le parcours romanesque d'un aventurier de la politique.

Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) a toujours était en travers de son chemin afin de dénoncer les méfaits de son action.

Communication du MIL du 8 janvier 2016


Nous reprenons plusieurs textes que nous avions publiés en septembre 1994 dans le numéro 74 de Vigilance et Action, journal du MIL


MITTERRAND ET LA RÉSISTANCE ?

par Georges FLICOURT, Ancien du B.C.R.A.*, Trésorier du MIL


M. Mitterrand a bien occupé l'été qui s'achève. Depuis plusieurs semaines, le livre de Jean Montaldo, " Mitterrand et les 40 voleurs", est en tête des best-sellers avec un tirage de plus de 650.000 exemplaires.

Les Français n’ignorent plus rien des turpitudes de leur président et de ses amis. Malgré cela, si l’on en juge par les derniers sondages, il semble que, pour beaucoup de nos compatriotes, l’honnêteté ne soit pas une qualité indispensable pour être président de la République.

Pour redorer, avec la complicité du journaliste Pierre PEAN, son image ternie par les scandales politico-financiers de ses deux septennats, Mitterrand a dit " toute la vérité" sur son passé. Pour faire bonne mesure il en rajouta dans une émission d'une heure et demie à la télévision avec l’aide bienveillante d’ELKABACH.

Après avoir fait pleurer les chaumières socialistes avec sa prostate, Mitterrand a voulu effacer l’épisode fâcheux de sa francisque en se présentant comme grand résistant. N’était-il pas chef d’un réseau  constitué d’anciens prisonniers de guerre ?

Il nous a semblé nécessaire, pour rétablir la vérité, de publier à nouveau deux articles écrits par notre  ami le colonel Paul RIVIERE (alias Charles Henri), Compagnon de la Libération, chef incontesté d’un important réseau de résistance :

- le premier article fut publié le 24 avril 1988 par le Figaro et par Vigilance et Action en juillet 1988 ;

- le second date d’avril 1992.

Ils donnent toutes les explications nécessaires sur les manoeuvres de Mitterrand pour faire agréer son prétendu réseau, le Mouvement National des Prisonniers de Guerre et déportés (MNPGD). Ils expliquent aussi comment un arrêté illégal pris par Paul QUILES le 5 mars 1986 fut annulé par le Conseil d’Etat le 25 février 1991.

Cet abus de pouvoir provoqua la démission du Colonel MASSET, Président de la commission d'homologation des  réseaux de résistance. Nous pensons utile de publier la lettre de démission du Colonel MASSET, résistant authentique et indiscutable. Elle se passe de commentaires.

Il y a eu malheureusement une suite à cette mauvaise action de Paul QUILES. Un peu avant les élections de 1993, qui virent l’écrasement des socialistes, Mitterrand obtint de Pierre JOXE, alors ministre des Armées, de publier " à la sauvette" un nouvel arrêté agréant le réseau MNPGD comme unité combattante. Cet arrêté, cependant publié au Bulletin Officiel, passera inaperçu.

C’est ainsi que, par un scandaleux tour de passe-passe, ce prétendu réseau a une existence légale. Mitterrand peut donc se déclarer "Résistant" sans honte ni pudeur.

*Bureau Central de Recherche et d'Action


LA CURIEUSE AFFAIRE

par Paul RIVIèRE, Ancien du B.C.R.A., Compagnon de la libération


Vers le milieu de l'année 1945, le minis­tère des Armées avait créé la commission nationale d'homo­logation des réseaux de la France combattante. Au départ, cette commission ne devait s'occuper que des réseaux. Mais, vu la né­cessité de ne pas faire attendre trop long­temps les ayants droit, sa compétence fut étendue à l'ensemble de la résistance inté­rieure française.

Cette commission avait pour mission d'étudier cas par cas et minutieusement les dossiers présentés par les organismes exis­tant en France métropolitaine et extramé­tropolitaine pendant la guerre 1940-1945 et de dire au ministre si tel ou tel réseau ou mouvement pouvait être homologué comme "unité combattante". Elle a fonctionné pen­dant presque dix ans sous la présidence du médecin général Lormeau, assisté des chefs de réseaux ou de responsables reconnus du B.C.R.A.

C'est ainsi que plus de cent formations de résistance ont été homologuées par le mi­nistre de l'époque qui a toujours suivi sa commission dans ses avis.

Le cas du M.N.P.G.D  (Mou­ve­ment national des prisonniers de guerre et des déportés) de Mitterrand a été soumis à cette commission, à laquelle j'appar­tenais, par deux fois en 1949 et en 1951. Le motif de notre rejet fut chaque fois le même:

1- Ce n'était pas un orga­nisme militaire autonome.

2- Absence d'un chef res­ponsable placé sous les ordres de l'E.M. in­terallié.

3- Absence de liaison radio entre France ou Alger et Grande-Bretagne.

4- Absence de budget.

Trente ans passent. On n'entend plus parler de ce M.N.P.G.D. Et voilà que son chef présumé, François Mitterrand, est élu président de la Répu­blique en 1981.

Quelle merveilleuse occasion il y a là pour faire reconnaître enfin son mou­vement comme unité combattante. On dira peut-être que c'est le fait du prince ? Mais qu'importe ! On trouvera bien une faille dans le système adminis­tratif.

La barrière de la forclusion empêche que le M.N.P.G.D. soit reconnu comme unité combat­tante ! Qu'à cela ne tienne, nous avons un ministre socialiste de la Défense, Charles Hernu, tout dévoué à Mitterrand, qui peut arranger l'affaire.

Et, en effet, un arrêté du 15 mars 1984, signé d'Hernu, nommait une commission  "ad hoc" pour permettre à tel ou tel groupe, soi-disant "défavorisé", d'être admis au statut d'unité combattante.

Dans un deuxième temps, deux ans après et un mois avant les élections législatives de 1986, le ministre de la Défense, Paul Quilès, présenta à la commission compétente les dossiers:

- du R.N.G.P. (Rassemblement national des prisonniers de guerre, groupe Pinot);

- du M.N.P.G.D. (Mouvement na­tional des prisonniers de guerre et des dé­portés, groupe Mitterrand);

- et du C.N.P.G. (Comité na­tional des prisonniers de guerre, groupe Paumier), avec demande de statuer d'urgence.

La commission, à la majorité des voix, vota contre l'assi­milation du R.N.P.G. et du C.N.P.G. à une unité combattante et décida, à l'unanimité, d'ajourner "sine die" l'examen du M.N.P.G.D. Malgré ces votes défavorables de la com­mission, le ministre socialiste de la Défense, Paul Quilès, a signé le 5 mars 1986 les trois arrêtés ministériels qui assimilaient comme unités combattantes, au titre de la Résis­tance intérieure française, le R.N.P.G. et le M.N.P.G.D., ainsi que le C.N.P.G.

Ainsi, au mépris des décisions prises dans le passé par d'authentiques résis­tants et approuvées par le ministre de l'époque, Mit­terrand a remis en question, à son profit, et par l'intermédiaire de son ministre de la Défense, le principe même de la reconnais­sance des "unités combat­tantes".

Article paru dans le "Figaro" du 29/4/88

et dans "Vigilance et Action" N°18/19 de juillet 1988.


FAUX ET USAGES DE FAUX

par PAUL RIVIERE, Ancien du B.C.R.A., Compagnon de la libération


Il y a un an, le 25 février 1991, le Conseil d'Etat annulait les arrêtés du 5 mars 1986 assimilant à une unité combattante le "Mouvement National des Prisonniers de Guerre et des Déportés" (M.N.P.G.D.) de Monsieur François Mitterrand.

Cette annulation faisait suite à un recours pour excès de pouvoir, enregistré le 22 avril 1986, à l'encontre de ces arrêtés pris plus de quarante ans après la Libération par le ministre de la Défense de l'époque, Monsieur Paul Quilès, et alors que les intéressés n'avaient pu jusque là obtenir cette consécration. On se trouvait alors à dix jours des élections législatives qu'allait perdre le parti socialiste.

Auparavant, Monsieur Paul Quilès avait convoqué la commission spéciale à laquelle l'article A 119 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre donne mission d'émettre un avis sur la reconnaissance des réseaux. Il lui demandait d'étudier trois dossiers connexes, dont celui du M.N.P.G.D.

Après délibération, la commission décida de rejeter les deux premiers dossiers et de remettre à plus tard sa décision pour le troisième, décisions prises à l'unanimité de ses membres. Mais, sans attendre l'avis de la commission qu'il reçut le 17 mars, le ministre signa le 5 mars les trois arrêtés incriminés.

Apprenant par le Bulletin officiel ce qu'il ne pouvait que reconnaître comme une forfaiture, le président de la commission, le Colonel (ER) Francis Masset, déposa un recours au Conseil d'Etat visant à l'annulation pour excès de pouvoir desdits arrêtés. Puis, il remit sa démission, dont il n'a toujours pas reçu accusé de réception. Ses collègues, à l'unanimité, dénoncèrent ce fait du Prince. Certains écrivirent même au ministre afin de marquer leur douloureux étonnement personnel devant une telle désinvolture.

En face d'un procédé aussi médiocre que méprisable, comment concevoir qu'un homme monté au sommet du pouvoir puisse en arriver là, exploitant la veulerie de son entourage afin de galvauder des honneurs et des avantages matériels ?

Dans sa séance du 15 février 1991, le Conseil d'Etat, statuant au contentieux, décida donc souverainement l'annulation des trois arrêtés du 5 mars 1986, dont celui qui assimilait le "Mouvement National des Prisonniers de Guerre et des Déportés" (M.N.P.G.D.) à une unité combattante. Cette décision, qui a été lue en séance publique, a été notifiée à toutes les parties intéressées.

Passera-t-on, ou n'a-t-on pas déjà passé outre à la décision du Conseil d'Etat ? En tout cas, on peut, a priori, faire confiance au responsable de cette honteuse opération pour que, de mars 1986 à février 1991, certains de ses protégés aient pu ainsi  obtenir honneurs et avantages matériels rigoureusement réservés aux vrais anciens combattants ou résistants, ainsi qu'aux victimes de guerre.

Article paru dans "Vigilance et Action"  N°55 d'Avril 1992.


VOICI LA LETTRE DE DéMISSION DU COLONEL MASSET, ENVOYÉE AU MINISTRE DE LA DéFENSE LE 17 MAI 1988


Monsieur le Ministre,


Officier supérieur en retraite des T.D.M., Commandeur de la Légion d'Honneur, Médaillé militaire pour fait de guerre exceptionnel, 8 fois cité, blessé de guerre et authentique Résistant, je porte à votre connaissance ma décision irrévocable de démissionner de mes fonctions de président de la Commission A 119 chargée d'homologuer les Mouvements de Résistance en tant qu'Unité combattante :

- En 1984, j'ai accepté, avec réticence (l'avenir allait me donner raison) de prendre la présidence de la Commission A 119. Mention en était faite au Journal Officiel.

- Le 17/02/1986, la Commission que je préside, convoquée précipitamment, s'est réunie à Paris.

- Après étude de deux dossiers, les membres de la Commission repoussent et refusent l'assimilation U.C. au R.N.P.G. et au C.N.P.G.

- Un troisième dossier, celui du M.N.P.G.D., auquel aurait appartenu Monsieur MITTERRAND, n'est pas examiné et son étude, remise à une date ultérieure, décision prise à l'unanimité des voix des membres de la Commission et telle qu'elle est consignée et figure au procès-verbal de séance.

- Le 17/03/1986, le lendemain des élections législatives, à ma stupéfaction indignée, je découvre au Bulletin Officiel, trois arrêtés signés Paul QUILES.

  Les deux mouvements, R.N.P.G. et C.N.P.G., sont reconnus Unité combattante !

- Le troisième arrêté reconnaît également le M.N.P.G.D. comme Unité combattante en s'appuyant sur le procès-verbal de séance, sur lequel il apparaît pourtant, sans ambiguïté, que le dossier n'a pas été examiné par la Commission.

- Mais, ce qui est plus scandaleux encore, c'est que les arrêtés ont été signés le 5/03/1986 par Monsieur P. QUILES, alors que j'ai paraphé l'unique exemplaire du procès-verbal de séance le 7/03/1986, c'est-à-dire deux jours plus tard !

- Je détiens d'ailleurs les preuves du cheminement dudit procès-verbal.

- Courant avril 1986 et dans les délais, j'ai déposé un recours en annulation auprès du Conseil d'Etat. J'attends toujours ...

- Mieux, "Aucune suite légale ne peut être donnée à ma plainte". Telle a été la réponse du procureur de la République de Rouen. Stupéfiant, non !

- Ainsi, un ministre s'est arrogé le droit de bafouer, d'humilier le citoyen que je suis, ceci pour des motifs que je ne discerne que trop.

- Monsieur QUILES ne sort pas grandi de cette minable magouille, le parti duquel il se réclame encore moins.

- Mon parti, Monsieur le Ministre, c'est celui de la loyauté, de l'honnêteté, de la droiture, de l'honneur ; c'est pourquoi je ne veux plus assumer d'autre mission que celle de servir la France, pas de subir ce que je dénonce comme une forfaiture.

- Ne me sentant pas lié par le devoir de réserve, j'adresse copie de cette lettre à la presse régionale et nationale, avec le mince espoir que les Français seront enfin informés des agissements délictueux et malhonnêtes que j'ai eu à supporter.

Recevez, Monsieur le Ministre, mes salutations.


Colonel (er) F. MASSET