Mouvement Initiative et Liberté

www.lemil.org

Une communication du MIL

14 JUILLET : «LA RÉPUBLIQUE EST NATIONALE !»


Télécharger la communication du MIL du 14 juillet 2021

Transférer ce texte à une personne

Imprimer cette page


Télécharger la communication du MIL du 14 juillet 2021

Lire le texte

Communication du MIL du 14 juillet 2021


Par Bernard Carayon, ancien député du Tarn, maire de Lavaur, avocat au barreau de Paris et membre du comité d’honneur du MIL.Reprise de la tribune publiée le 14/7/2021 dans Figarovox


Le 14 juillet, nous fêtons notre Patrie et nos libertés, notre République et notre Armée. Contrairement à une idée répandue, le 14 juillet n'est pas la commémoration de la prise de la Bastille : c'est la célébration de la fête de la Fédération de 1790 qui consacre l'unité de la France dans la réconciliation des Français, selon le vœu exprimé en 1880 par la Chambre des députés.

Marc Bloch, fondateur de l'École des Annales, engagé en 40 en dépit de son âge - il fut le plus vieux capitaine de l'Armée française - , résistant, arrêté par la Gestapo, torturé puis fusillé en 1944, écrit ceci dans L'Étrange défaite, l'ouvrage qu'il consacre au désastre de 1940 : «il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération».


Le 14 juillet est d'abord la fête de la liberté. Depuis ses origines, dans son nom même, la France est le pays des affranchis. La Nation plonge ses racines dans la révolte des tribus gauloises contre César, l'unification par Clovis du royaume franc dans la chrétienté, la résistance de Jeanne d'Arc aux Anglais, la construction par quarante rois de la France dans le gallicanisme, la bataille de Valmy, l'Union nationale en 14, l'appel de Londres du 18 juin 1940 : la France n'est pas la France sans être rebelle, libre, enracinée et singulière. Il y a bien une «culture française» fondée sur l'exigence des libertés, contrairement à ce qu'a prétendu un jour Emmanuel Macron, et n'en déplaisent à ceux qui ont fait, un trait sur notre pays pour lui substituer d'autres chimériques horizons.


Nos frontières, morales et géographiques, ont été ainsi méticuleusement attaquées par une partie d'une génération qui voulait faire du passé table rase et qui trouve, aujourd'hui, une nouvelle inspiration dans les théories multi-culturalistes, importées des États-Unis.


En trente ans, l'État, l'armature multiséculaire de notre Nation, s'est délité au profit de nouvelles puissances: multinationales, fonds spéculatifs, médias et juges internationaux, sans visages ni légitimité démocratique.


Pour les partisans de l'effacement des Nations et de leur histoire, le patriotisme serait ringard, et même belliqueux. Comme si la paix et la fraternité se nourrissaient de la disparition des identités nationales et de la construction d'un grand marché de la conscience universelle !


Mais ils ne voient pas – ou ne veulent pas voire - le monde tel qu'il est: le réveil des peuples, partout, comme nous l'avons incarné sous la Révolution française, précédant d'autres peuples d'Europe sous l'influence des Lumières au XIXe siècle et tant d'autres encore avec la décolonisation des esprits et des territoires.


La République naît certes de la Révolution, mais, la France encore et toujours, de la résistance aux forces étrangères : la République est d'abord nationale ! Avec l'Empire, Napoléon signera la synthèse entre l'Ancien Régime et la Révolution à laquelle il met un terme, mais dont les principes féconderont notre droit, nos institutions et notre société.


Le 14 juillet est ainsi fêté par les patriotes, quelles que soient leurs origines. Le patriotisme, n'est ni la guerre, ni le nationalisme. «Le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme, c'est la haine des autres», clame l'écrivain-résistant Romain Gary ! Le patriotisme, c'est l'identification de chacun à notre Histoire nationale, avec sa gloire et ses zones d'ombre: c'est dans une fierté nationale collective que notre identité s'est forgée, étrangère à toute repentance: c'est par l'amnistie et l'oubli imposé qu'Henri IV mit un terme aux horreurs des guerres de religion ! Cessons de nous culpabiliser ! Notre histoire ne se résume pas à ses quelques heures noires qu'aucun autre pays au monde n'exhume ni n'expie ! Cette repentance est d'ailleurs sélective, car qui, parmi les héritiers de Jaurès, reprocherait au tribun tarnais son engagement déterminé pour la colonisation ? Un engagement inspiré par le message universaliste de la Révolution française et partagé par Jules Ferry dont le nom a été donné à tant d'écoles de France… Qui reprocha au Président Mitterrand le même engagement pour l'Algérie française et sa détermination totale à éradiquer le terrorisme du FLN alors qu'il était Garde des Sceaux ou ministre de l'Intérieur ?


Le 14 juillet est la fête de la République. La République est indivisible. C'est pourquoi elle s'altère quand elle reconnaît des droits particuliers, voire discriminants, à des «communautés», violant l'esprit de la Révolution et le principe d'égalité des citoyens. Le multiculturalisme, cette idée en apparence généreuse selon laquelle plusieurs cultures peuvent coexister sur un même sol, est une idée folle, vécue, aujourd'hui, dans la guerre, l'anarchie ou au mieux la discorde, par tant de peuples dans le monde !


La paix civile se nourrit de la soumission de tous à une même loi, à de mêmes principes, à une même histoire, grâce auxquels se sont forgés l'égalité de tous devant la loi, l'égalité de l'homme et de la femme, la protection de la vie religieuse dans l'intimité, le respect de ceux qui ont bâti notre pays par ceux qui en ont hérité comme par ceux que nous avons accueillis.


Le 14 juillet est la fête de notre armée. Son histoire se nourrit de valeurs fortes : le courage, l'abnégation, la camaraderie : autant de valeurs qui semblent désuètes à certains, tant notre société donne le sentiment d'avoir renoncé à rester une civilisation ! Une société où tout doit pouvoir s'acheter - un enfant comme une réputation -, qui tourne en dérision la gratuité dans les comportements humains, entretient le relativisme au nom duquel tout se vaudrait et privilégie l'individualisme à l'intérêt général et l'esprit collectif.


Notre civilisation occidentale et européenne s'est d'abord construite par la force de nos armées, dans une longue tradition de service et d'honneur : l'Armée et ses anciens combattants constituent la chevalerie des temps modernes !


Le 14 juillet est enfin la fête de la Révolution française. Mais il y a deux Révolutions : celle qui fait de la liberté un idéal et celle pour laquelle la fin justifie les moyens. La première, c'est celle de Voltaire, celle de 89 à laquelle fait référence la Constitution du Général de Gaulle. La seconde, celle de 93, c'est celle de Robespierre, assoiffé de sang ; celle de Danton, assoiffé d'argent : pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! 300.000 Vendéens, hommes, femmes, enfants et vieillards seront massacrés au nom de cette idéologie totalitaire qui trouve encore aujourd'hui des défenseurs. Cette révolution criminelle a inspiré les deux totalitarismes du XXe siècle : l'épuration ethnique par les nazis, l'épuration de classe par les communistes. L'esprit de la Révolution s'incarne plutôt dans la fraternité de ceux qui ont le cœur bon et l'esprit juste. Mais ni dans la haine de classe, ni dans la haine de race ! La fraternité, ce n'est pas un diplôme que l'on s'accorderait sans examen et pas plus un brevet d'honorabilité. La fraternité s'éprouve dans le comportement de chacun, dans sa cité, dans le respect de soi et des autres, de l'histoire de notre sol et de nos morts. La fraternité, ce n'est pas la violence des mots, des actes, des mensonges, la violence contre notre histoire et la négation de notre culture française ! La fraternité, c'est la laïcisation de l'Amour chrétien qui a façonné notre civilisation européenne, jusque dans ses plus petits villages construits autour de nos 45.000 églises et de nos 36.000 mairies. La fraternité est à la Patrie ce qu'est l'Amour à la famille.


Chacun ressent bien que tout est encore à rebâtir en France où la colère, le désordre et la violence déferlent depuis tant d'années. Les fractures - sociales, géographiques, culturelles -, s'accentuent : la France est bien devenue un «archipel». Oui, tout est à rebâtir dans une France qui a rarement été aussi fragile, aussi tristement isolée dans le monde : comme en 1944, comme en 1958, quand se mêlaient dans une même foi patriotique les spadassins et les héritiers du classicisme français !


Si l'on ne veut pas disparaître de l'Histoire, ce qui est arrivé à tant de civilisations brillantes, il va falloir montrer ce que signifie être Français : savoir désigner l'ennemi, sans noyer notre combat dans la peur ou la haine d'un Orient que de Gaulle jugeait «compliqué», lui qui sut, mieux que quiconque, promouvoir une diplomatie d'équilibre et d'amitié entre le monde arabe et Israël.

Ne nous contentons pas de multiplier les pétitions et les concerts, de déposer des fleurs au pied de nos mairies quand survient un attentat terroriste ! Gardons au cœur le souvenir du colonel Beltrame comme de Samuel Paty. Mais les mots, dans la guerre comme dans la paix, ne suffisent pas. L'action tarde : elle est attendue avec impatience par tous. «Pleure comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme», lance avec noblesse Aixa Fatima, à son fils Boabdil, dernier émir de Grenade, tombée en 1492 aux mains des catholiques espagnols. Nous ne sommes pas d'une civilisation qui pleure : nous sommes enfants du Parthénon et des sept collines de Rome, nous nous sommes battus aux Champs catalauniques contre les Huns d'Attila et sur mer, à Lépante, contre les Turcs, nous sommes les héritiers des bâtisseurs de cathédrales et des conquistadors, fils des patriotes de Valmy, du Maghreb, d'Afrique noire et d'Océanie, de Madagascar et des Hauts plateaux d'Indochine, de Verdun et des Glières. Nos sangs sont mêlés, mais notre culture, comme notre sol est unique : nous sommes du pays des hommes francs, ce qui veut tout dire de l'allure que nous devons nous imposer et du redressement qui s'impose dans notre grand effondrement !