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Une communication du MIL

POURQUOI LE MACRONISME N’EST NI GAULLISTE, NI DE DROITE


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Le député du Vaucluse, Julien Aubert, président d’oser la France, membre du comité d’honneur du MIL, et des élus expliquent, dans une tribune dans le Journal du Dimanche du 18 février 2022, pourquoi «Emmanuel Macron n’est ni gaulliste, ni de Droite».


«La réélection du chef de l’État ne conduirait qu’à une prolongation de l’immobilisme. L’objectif du général de Gaulle en 1958 était d’une part de doter la France d’institutions modernes, d’autre part de mettre fin au régime des partis. Le premier objectif de modernisation s’est fait en cohérence avec l’être profond de notre pays, à la fois monarchiste et révolutionnaire, en restaurant une légitimité démocratique autour de la personne du chef de l’État, nourrie d’un consentement populaire. Le second objectif visait à rendre au peuple le pouvoir souverain, sans mettre fin aux partis eux-mêmes en ce qu’ils incarnaient des sensibilités politiques.


En effet, le gaullisme, s’il se composait de plusieurs sensibilités, était l’émanation de la rencontre de l’esprit de la France libre avec la personnalité du général de Gaulle, imprégnée de catholicisme social. Cette alchimie avait fait adhérer au projet gaullien de fortes personnalités radicales (Jacques Chaban-Delmas) aussi bien que démocrates-chrétiennes (Edmond Michelet).


Cette synthèse gaullienne n’était nullement un opportunisme comme l’est le macronisme, qui ressemble plus au centrisme de la IIIème République qu’à autre chose. Central, sans être centriste, le gaullisme reçut un temps l’appui des libéraux-conservateurs giscardiens. Le rassemblement était fondé sur l’adhésion et non sur les débauchages, sur l’union et non sur l’éparpillement. Très respectueuse de l’héritage chrétien de la France, cette alchimie de 1958 l’était aussi du compromis laïc obtenue grâce à la loi de 1905. Elle rejetait le fédéralisme européen auquel concoure et adhère Emmanuel Macron. Elle se méfiait des tares liées à l’atlantisme de l’Otan. Elle assumait un conservatisme puisé chez Chateaubriand et armé d’un respect de la «décence commune», au sens anglo-saxon de l’expression. Elle refusait le pouvoir de l’argent, dénonçant à juste titre les «intérêts particuliers» face à l’intérêt général, qui ne saurait être une simple somme de ceux-ci.


Singeant le Général de Gaulle, Emmanuel Macron a bâti sa maison commune en voulant détruire toute force politique susceptible de le concurrencer sérieusement, en ne laissant aux français qu’un choix cornélien : lui ou les extrêmes. C’est cynique.


À la différence du Général, sa maison commune n’est pas fondée sur la confiance du peuple souverain, dont la pratique de consultation par référendum a été abandonnée depuis 2005. À l’inverse, elle est le cartel des intérêts d’une partie des classes supérieures de ce pays, au risque d’aboutir à un rejet massif des élites qui ne passera pas obligatoirement par la voie démocratique. N’a-t-on rien appris de la crise des gilets jaunes ? Valérie Pécresse prône ce retour à la démocratie directe loin des illusions d’une démocratie participative voire «augmentée» telle que testée par Emmanuel Macron à l’aide d’un tirage au sort lors de sa convention avortée sur le climat.


Arguant de la pandémie, l’actuel chef de l’État, surtout connaisseur des grands groupes entrepreneuriaux, n’a pas procédé à un retour de l’aménagement du territoire, maillage avant tout dédié aux PME. Il n’a pas non plus entrepris la nécessaire réforme des retraites, dont les contours peuvent être encore débattus. Il n’a pas redonné un réel sursaut stratégique à nos armées ni à notre diplomatie. Il a louvoyé en matière énergétique, fragilisant notre parc nucléaire et polluant visuellement nos paysages avec des éoliennes. Il a mené une politique hostile à la propriété - conduisant à une hausse sans précédent de la taxe foncière - et laissé voter au Parlement des lois dites sociétales qui font le lit d’un progressisme libertaire vénéneux et d’un individualisme funeste.


Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres encore, et contrairement à ce que certains échos de couloir peuvent laisser entendre, alimentés par des ralliés de circonstance, nous ne pouvons pas, nous députés d’opposition des Républicains laisser entendre que finalement, après tout, Emmanuel Macron serait proche de nos valeurs et le meilleur représentant de la Droite. Que certains horizons plus cléments pourraient accueillir nos embarcations après une tempête. Ce serait insulter la confiance de nos électeurs, décrédibiliser la démocratie, et donc renier la charge qui nous a été confiée par le peuple.


Plutôt que le progressisme nous souhaitons promouvoir le réformisme. Nous souhaitons un État stratège et non un gouvernement opportuniste. Nous souhaitons voir la poursuite de la décentralisation en lieu et place de la tentation centraliste et dirigiste qui caractérise le macronisme. Nous souhaitons des garde-fous en matière sociétale. Pour toutes ces raisons, il nous faut l’emporter lors des scrutins du printemps 2022.


Emmanuel Macron, la Droite n’est pas à vendre. Nous ne vous laisserons pas défigurer la Vème République en la transformant en régime des apparentements et arrangements. Nous croyons que la loyauté est une valeur bien plus respectueuse que l’abandon ou la trahison.»


La liste des signataires :


Julien Aubert ; Emmanuelle Anthoine ; Edith Audibert ; Valérie Bazin-Malgras ; Philippe Benassaya ; Sandra Boëlle ; Emilie Bonivard ; Jean-Yves Bony ; Jean-Luc Bourgeaux ; Marine Brenier ; Jacques Cattin ; Gérard Cherpion ; Dino Cinieri ; Pierre Cordier ; Josiane Corneloup ; Marie-Christine Dalloz ; Jean-Pierre Door ; Marianne Dubois ; Virginie Duby-Muller ; Claude de Ganay ; Annie Genevard ; Philippe Gosselin ; Yves Hemedinger ; Brigitte Kuster ; Marc Le Fur ; Olivier Marleix ; Eric Pauget ; Bérengère Poletti ; Nathalie Porte ; Alain Ramadier ; Julien Ravier ; Frédéric Reiss ; Bernard Reynès ; Raphaël Schellenberger ; Jean-Marie Sermier ; Guy Teissier ; Jean-Louis Thiériot ; Laurence Trastour-Isnart ; Pierre Vatin ; Charles de la Verpillière ; Stéphane Viry