Mouvement Initiative et Liberté

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Une communication du MIL

NON À L’IMPÉRIALISME DE LA TURQUIE D’ERDOGAN


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Sur le plan intérieur, la Turquie a évolué progressivement vers un régime autoritaire et impérialiste, dirigé par Recep Tayyip Erdogan. Le régime reste pseudo démocratique, dans la mesure où des élections ont encore lieu jusqu’à présent. Mais les atteintes à la liberté d’expression, l’interdiction d’une bonne part des activités politiques et la répression à l’égard de membres des oppositions (emprisonnés ou exilés) faussent le jeu. Une coalition entre islamistes (Parti de la justice et du développement, AKP) et nationalistes extrémistes turcs (Parti d’action nationaliste, MHP) occupe la quasi-totalité des postes, en dehors de quelques rares maires plus libéraux ou de gauche. Erdogan réprime toutes les minorités existantes en Turquie (les kurdes, les musulmans de tendances différentes). Son combat politique se traduit, en Europe, par des ingérences dans les pays où résident des minorités turques, dont la France, pour combattre les opposants réfugiés et peser électoralement. Voir la communication du MIL du 18 avril 2021 - Turquie : non aux ingérences en France et celle du 2 septembre 2016 - La Turquie vers un régime autoritaire.


A ces frontières, la Turquie entretient des situations de tensions ou de guerre. L’île de Chypre reste en partie occupée par les troupes turques. La Turquie mène des prospections illégales dans les eaux nationales grecques ou chypriotes. Elle fait pression sur l’Union européenne sur la circulation des migrants vers la Grèce et la Bulgarie. La Turquie occupe une part du nord de la Syrie (dans la région d’Idlib) où elle protège des groupes d’islamistes radicaux arabes. Elle intervient militairement (bombardements ciblés) contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dans le nord de la Syrie et contre des groupes kurdes réfugiés dans le nord de l’Irak.


La politique étrangère de la Turquie s’inscrit dans une ligne d’un impérialisme néo-ottoman. À l’est, d’une part, elle a donné les moyens à l’Azerbaïdjan de reprendre une nouvelle guerre contre l’Arménie, et, d’autre part, elle tente de développer des relations étroites avec les républiques d’Asie centrale turcophone (panturquisme) avec plus ou moins de succès. À l’ouest, la Turquie vise le bassin méditerranéen. Elle a envoyé des troupes en Libye pour protéger le gouvernement de l’ouest (Tripoli) contre celui de l’Est. Elle tente de faire progresser ses relations vers l’Algérie. Elle mène aussi des projets dans certains pays africains.


En mer Noire, la Turquie conserve une position floue entre Moscou et Kiev. Un jour, elle vend des drones à l’Ukraine, elle refuse de reconnaitre l’annexion russe des provinces ukrainiennes (dont la Crimée) et assure le contrôle des détroits. Le lendemain, Erdogan se pavane avec les présidents russes (Poutine) et chinois (Xi Jinping). La cohérence avec des régimes autoritaire ou totalitaire est affichée. Erdogan bloque, ou ralentit, l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan, dans le contexte de guerre actuel.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) constate le positionnement anti occidental de la Turquie. Il en découle, à l’instant présent, une situation incertaine sur le plan international pour la France, l’Union européenne et l’OTAN. Compte tenu de la situation du pays, le jeu turc actuel ne semble pas stable. Erdogan pourrait être contraint de formaliser des alliances avec d’autres régimes autoritaires.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) rappelle que la France doit assurer son soutien et sa solidarité avec l’Arménie qui est directement menacée par la guerre de conquête de l’Azerbaïdjan et la Turquie. Elle devrait sortir en urgence du silence actuel dans la mesure où la Russie n’assure pas ses engagements vis-à-vis de l’Arménie.


Dans la durée, la France doit continuer à apporter son soutien aux pays alliées et amis que sont la Grèce et Chypre dans leurs différents avec la Turquie sur le plan territorial et migratoire. La France doit respecter ses engagements moraux en faveur des combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui ont combattu, à nos côtés en Syrie, l’État islamique (EI). Plus généralement, la France a vocation à s’opposer à l’influence turque ottomane dans tous les pays du bassin méditerranéen.


Enfin, le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) appelle à s’opposer à toutes les ingérences politiques et religieuses de la Turquie en France, visant des français, des turcs et des binationaux.