Mouvement Initiative et Liberté
www.lemil.org
Une communication du MIL
POURQUOI JE NE PEUX PAS ACCORDER MA CONFIANCE À FRANÇOIS BAYROU
Télécharger la communication du MIL du 2 septembre 2025
Transférer ce texte à une personne
Chers Amis, vous le savez, le 8 septembre je serai amené à me positionner sur le vote de confiance demandé par le Premier Ministre François Bayrou.
Je ne peux pas accorder ma confiance à Monsieur Bayrou et je veux ici vous expliquer en détail les raisons de ce choix.
Je veux d’abord répondre à l’argument du vote «de responsabilité pour éviter le chaos» en rappelant qui est à l’origine de l’instabilité politique que nous connaissons actuellement. Le Président de la République est à l’origine de la période que nous traversons en ayant décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, vexé par le score de son parti aux élections européennes. En choisissant de demander un vote de confiance, François Bayrou acte lui-même la fin de son mandat à Matignon. Il n’a aucune chance de remporter ce vote et je ne vois aucune raison de lui lancer une bouée de sauvetage qu’il ne mérite vraisemblablement pas.
Si nous avons collectivement accepté que les Républicains rejoignent le Gouvernement de Michel Barnier, en septembre dernier, c’est pour éviter que les amis de Monsieur Mélenchon ne s’emparent du pouvoir car ils sont dangereux, et pour éviter que notre pays ne reste plus longtemps sans exécutif. Je ne regrette aucunement ce choix, d’autant plus qu’il a permis à notre pays de pouvoir compter sur des Ministres solides qui portent nos valeurs comme Bruno Retailleau à l’Intérieur, Annie Genevard à l’Agriculture ou encore Yannick Neuder à la Santé.
Mais ce choix de responsabilité assumé n’a jamais eu pour objectif de se fondre dans un macronisme finissant dont chacun d’entre nous avait acté les échecs, les insuffisances mais également le peu de respect qu’il avait eu depuis 2017 pour les valeurs et les idées que la Droite Républicaine doit porter. Or, voter la confiance à François Bayrou avant l’examen des textes budgétaires, alors même qu’aucune négociation n’a été menée durant l’été revient à lui accorder un chèque en blanc, ce qui est inacceptable.
Il faut reconnaître que le Premier Ministre fait preuve de lucidité et d’un certain courage sur le constat qu’il fait de l’état de nos finances publiques. Notre pays ne peut pas continuer à dépenser autant et à s’endetter de la sorte. Notre déficit public pèsera sur les générations à venir et nous met, à court terme, sous la menace des pays et organismes qui financent notre dette et pourraient devenir hostiles. Mais il oublie dans ce constat de dresser la responsabilité du dérapage de nos comptes publics depuis l’élection d’Emmanuel Macron qu’il a été le premier à soutenir tout comme il avait soutenu Ségolène Royal et François Hollande face à Nicolas Sarkozy. Depuis 2017, 1.000 milliards de dette supplémentaire sont le résultat de la politique économique des différents gouvernements, alors que le poids des dépenses liées au soutien à l’économie pendant le COVID (qui étaient nécessaires) n’en représente que le quart.
Au-delà du constat, les solutions proposées par François Bayrou pour résorber notre déficit vont à l’encontre des valeurs défendues par la droite. Alors que notre ligne directrice doit être de défendre les Français qui travaillent ou qui ont travaillé toute leur vie, l’ensemble de l’effort de réduction du déficit proposé pèse à nouveau sur ceux qui paient déjà tout, sans avoir droit à rien. Que ce soit la mesure de suppression de deux jours fériés ou le gel des pensions de retraite, les seules mesures précises sont des solutions de facilité à court terme qui ne traiteront pas les causes structurelles de notre déficit.
Il faut évidemment réduire le train de vie de l’État en coupant nettement les crédits aux agences et organismes qui, pour certains, ne produisent rien et servent à recaser des amis battus aux élections. Je ne peux pas faire confiance à François Bayrou sur ce point, puisque tous les organismes dont j’ai proposé la suppression dans le cadre des débats sur la simplification administrative ont été sauvés par l’alliance du MoDem et de la gauche.
Rien non plus n’est proposé par le Premier Ministre pour lutter contre l’assistanat et les fraudes sociales et fiscales. Dans un pays qui compte plus de 5 millions de personnes sans emploi, il n’est pas concevable que 500.000 emplois restent non pourvus et que des centaines de milliers le soient par des personnes de nationalité étrangères, faute de candidats. La seule solution durable est de limiter les aides sociales et je déposerai une proposition de Loi en ce sens dans les semaines à venir. Un pays où le travail ne rémunère pas mieux que le recours aux prestations sociales n’a pas d’avenir. De même, les 15 milliards d’euros de fraude fiscale estimés par les services du Ministère des Finances constituent une ressource à aller chercher en urgence tout comme les niches fiscales profitant aux plus fortunés doivent être remises en question une à une.
Des pistes de solutions, il en existe bien d’autres et elles devront faire l’objet d’un débat sérieux.
Le Premier Ministre sera renversé le 8 septembre prochain, c’est une quasi-certitude. Il appartient d’ores et déjà au chef de l’État de trouver son successeur qui devra former un Gouvernement rapidement.
L’instabilité qui pourrait être créée par la chute de François Bayrou est un risque. Mais l’immobilisme dont fait preuve l’actuel locataire de Matignon depuis son arrivée l’est tout autant.
Voilà pourquoi je n’accorderai pas ma confiance à François Bayrou.
Voilà pourquoi je continuerai également à défendre à l’Assemblée nationale les valeurs que nous avons en commun et qui constituent le socle sur lequel vous m’avez fait confiance depuis 2017.
Vous pouvez compter sur moi, Fidèlement,
Ian BOUCARD
Député LR du Territoire de Belfort