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VI­GILANCE & AC­TION - N° 422  JUILLET-AOUT 2021 


LES COMMUNICATIONS ÉCRITES DU M.I.L



14 JUILLET : «LA REPUBLIQUE EST NATIONALE !»


Par Bernard Carayon
ancien député du Tarn, maire de Lavaur, avocat au barreau de Paris et membre du comité d’honneur du MIL

Reprise de la tribune publiée le 14/7/2021 dans Figarovox


Communication du MIL du 16 juillet 2021


Le 14 juillet, nous fêtons notre Patrie et nos libertés, notre République et notre Armée.

Contrairement à une idée répandue, le 14 juillet n'est pas la commémoration de la prise de la Bastille : c'est la célébration de la fête de la Fédération de 1790 qui consacre l'unité de la France dans la réconciliation des Français, selon le vœu exprimé en 1880 par la Chambre des députés.


Marc Bloch, fondateur de l'École des Annales, engagé en 40 en dépit de son âge - il fut le plus vieux capitaine de l'Armée française - , résistant, arrêté par la Gestapo, torturé puis fusillé en 1944, écrit ceci dans L'Étrange défaite, l'ouvrage qu'il consacre au désastre de 1940: «il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération».


Le 14 juillet est d'abord la fête de la liberté.


Depuis ses origines, dans son nom même, la France est le pays des affranchis. La Nation plonge ses racines dans la révolte des tribus gauloises contre César, l'unification par Clovis du royaume franc dans la chrétienté, la résistance de Jeanne d'Arc aux Anglais, la construction par quarante rois de la France dans le gallicanisme, la bataille de Valmy, l'Union nationale en 14, l'appel de Londres du 18 juin 1940: la France n'est pas la France sans être rebelle, libre, enracinée et singulière. Il y a bien une «culture française» fondée sur l'exigence des libertés, contrairement à ce qu'a prétendu un jour Emmanuel Macron, et n'en déplaisent à ceux qui ont fait, un trait sur notre pays pour lui substituer d'autres chimériques horizons.


Nos frontières, morales et géographiques, ont été ainsi méticuleusement attaquées par une partie d'une génération qui voulait faire du passé table rase et qui trouve, aujourd'hui, une nouvelle inspiration dans les théories multiculturalistes, importées des États-Unis.


En trente ans, l'État, l'armature multiséculaire de notre Nation, s'est délité au profit de nouvelles puissances: multinationales, fonds spéculatifs, médias et juges internationaux, sans visages ni légitimité démocratique.


Pour les partisans de l'effacement des Nations et de leur histoire, le patriotisme serait ringard, et même belliqueux. Comme si la paix et la fraternité se nourrissaient de la disparition des identités nationales et de la construction d'un grand marché de la conscience universelle !


Mais ils ne voient pas – ou ne veulent pas voire - le monde tel qu'il est: le réveil des peuples, partout, comme nous l'avons incarné sous la Révolution française, précédant d'autres peuples d'Europe sous l'influence des Lumières au XIXe siècle et tant d'autres encore avec la décolonisation des esprits et des territoires.


La République naît certes de la Révolution, mais, la France encore et toujours, de la résistance aux forces étrangères : la République est d'abord nationale ! Avec l'Empire, Napoléon signera la synthèse entre l'Ancien Régime et la Révolution à laquelle il met un terme, mais dont les principes féconderont notre droit, nos institutions et notre société.


Le 14 juillet est ainsi fêté par les patriotes, quelles que soient leurs origines. Le patriotisme, n'est ni la guerre, ni le nationalisme. «Le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme, c'est la haine des autres», clame l'écrivain-résistant Romain Gary ! Le patriotisme, c'est l'identification de chacun à notre Histoire nationale, avec sa gloire et ses zones d'ombre: c'est dans une fierté nationale collective que notre identité s'est forgée, étrangère à toute repentance: c'est par l'amnistie et l'oubli imposé qu'Henri IV mit un terme aux horreurs des guerres de religion ! Cessons de nous culpabiliser ! Notre histoire ne se résume pas à ses quelques heures noires qu'aucun autre pays au monde n'exhume ni n'expie ! Cette repentance est d'ailleurs sélective, car qui, parmi les héritiers de Jaurès, reprocherait au tribun tarnais son engagement déterminé pour la colonisation ? Un engagement inspiré par le message universaliste de la Révolution française et partagé par Jules Ferry dont le nom a été donné à tant d'écoles de France… Qui reprocha au Président Mitterrand le même engagement pour l'Algérie française et sa détermination totale à éradiquer le terrorisme du FLN alors qu'il était Garde des Sceaux ou ministre de l'Intérieur ?


Le 14 juillet est la fête de la République. La République est indivisible. C'est pourquoi elle s'altère quand elle reconnaît des droits particuliers, voire discriminants, à des «communautés», violant l'esprit de la Révolution et le principe d'égalité des citoyens. Le multiculturalisme, cette idée en apparence généreuse selon laquelle plusieurs cultures peuvent coexister sur un même sol, est une idée folle, vécue, aujourd'hui, dans la guerre, l'anarchie ou au mieux la discorde, par tant de peuples dans le monde!


La paix civile se nourrit de la soumission de tous à une même loi, à de mêmes principes, à une même histoire, grâce auxquels se sont forgés l'égalité de tous devant la loi, l'égalité de l'homme et de la femme, la protection de la vie religieuse dans l'intimité, le respect de ceux qui ont bâti notre pays par ceux qui en ont hérité comme par ceux que nous avons accueillis.

Le 14 juillet est la fête de notre armée.


Son histoire se nourrit de valeurs fortes : le courage, l'abnégation, la camaraderie : autant de valeurs qui semblent désuètes à certains, tant notre société donne le sentiment d'avoir renoncé à rester une civilisation ! Une société où tout doit pouvoir s'acheter - un enfant comme une réputation -, qui tourne en dérision la gratuité dans les comportements humains, entretient le relativisme au nom duquel tout se vaudrait et privilégie l'individualisme à l'intérêt général et l'esprit collectif.


Notre civilisation occidentale et européenne s'est d'abord construite par la force de nos armées, dans une longue tradition de service et d'honneur : l'Armée et ses anciens combattants constituent la chevalerie des temps modernes !


Le 14 juillet est enfin la fête de la Révolution française.


Mais il y a deux Révolutions : celle qui fait de la liberté un idéal et celle pour laquelle la fin justifie les moyens. La première, c'est celle de Voltaire, celle de 89 à laquelle fait référence la Constitution du Général de Gaulle. La seconde, celle de 93, c'est celle de Robespierre, assoiffé de sang ; celle de Danton, assoiffé d'argent : pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! 300.000 Vendéens, hommes, femmes, enfants et vieillards seront massacrés au nom de cette idéologie totalitaire qui trouve encore aujourd'hui des défenseurs. Cette révolution criminelle a inspiré les deux totalitarismes du XXe siècle : l'épuration ethnique par les nazis, l'épuration de classe par les communistes. L'esprit de la Révolution s'incarne plutôt dans la fraternité de ceux qui ont le cœur bon et l'esprit juste. Mais ni dans la haine de classe, ni dans la haine de race ! La fraternité, ce n'est pas un diplôme que l'on s'accorderait sans examen et pas plus un brevet d'honorabilité. La fraternité s'éprouve dans le comportement de chacun, dans sa cité, dans le respect de soi et des autres, de l'histoire de notre sol et de nos morts. La fraternité, ce n'est pas la violence des mots, des actes, des mensonges, la violence contre notre histoire et la négation de notre culture française ! La fraternité, c'est la laïcisation de l'Amour chrétien qui a façonné notre civilisation européenne, jusque dans ses plus petits villages construits autour de nos 45.000 églises et de nos 36.000 mairies. La fraternité est à la Patrie ce qu'est l'Amour à la famille.


Chacun ressent bien que tout est encore à rebâtir en France où la colère, le désordre et la violence déferlent depuis tant d'années. Les fractures - sociales, géographiques, culturelles -, s'accentuent : la France est bien devenue un «archipel». Oui, tout est à rebâtir dans une France qui a rarement été aussi fragile, aussi tristement isolée dans le monde : comme en 1944, comme en 1958, quand se mêlaient dans une même foi patriotique les spadassins et les héritiers du classicisme français !

Si l'on ne veut pas disparaître de l'Histoire, ce qui est arrivé à tant de civilisations brillantes, il va falloir montrer ce que signifie être Français : savoir désigner l'ennemi, sans noyer notre combat dans la peur ou la haine d'un Orient que de Gaulle jugeait «compliqué», lui qui sut, mieux que quiconque, promouvoir une diplomatie d'équilibre et d'amitié entre le monde arabe et Israël.


Ne nous contentons pas de multiplier les pétitions et les concerts, de déposer des fleurs au pied de nos mairies quand survient un attentat terroriste ! Gardons au cœur le souvenir du colonel Beltrame comme de Samuel Paty. Mais les mots, dans la guerre comme dans la paix, ne suffisent pas. L'action tarde : elle est attendue avec impatience par tous. «Pleure comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme», lance avec noblesse Aixa Fatima, à son fils Boabdil, dernier émir de Grenade, tombée en 1492 aux mains des catholiques espagnols. Nous ne sommes pas d'une civilisation qui pleure : nous sommes enfants du Parthénon et des sept collines de Rome, nous nous sommes battus aux Champs catalauniques contre les Huns d'Attila et sur mer, à Lépante, contre les Turcs, nous sommes les héritiers des bâtisseurs de cathédrales et des conquistadors, fils des patriotes de Valmy, du Maghreb, d'Afrique noire et d'Océanie, de Madagascar et des Hauts plateaux d'Indochine, de Verdun et des Glières. Nos sangs sont mêlés, mais notre culture, comme notre sol est unique : nous sommes du pays des hommes francs, ce qui veut tout dire de l'allure que nous devons nous imposer et du redressement qui s'impose dans notre grand effondrement !


MACRON DÉMARRE SA CAMPAGNE DE 2022


Communication du MIL du 16 juillet 2021


Macron a prononcé le 13 juillet un discours de pré-campagne présidentielle après une longue partie sur la politique de prévention sanitaire (qui aurait dû être fait par le premier ministre). Derrière un discours général, Macron a ciblé son électorat d’origine, principalement constitué de cadres du public et du privé, de libéraux et de retraités. Cet électorat souhaite avant tout une reprise économique en évitant tout confinement.


Bilan. Macron a exprimé une totale autosatisfaction de son action. Il affirme un prétendu «rebond économique» dont il est bien trop tôt pour juger la réalité. Pour glorifier son bilan, il a entrepris de mobiliser les membres de son gouvernement (déclarations et communiqués) et les députés LREM pour défendre ces idées auprès des électeurs («faire du porte-à-porte»). La tâche va être rude. L'illusion du «bon quinquennat» va être difficile à entretenir dans les mois à venir. Or Macron a déclaré que «le bilan est le socle à consolider».


La cause de l’échec de Macron est structurelle. Les lois, qu’il a fait voter, repose sur des compromis (sans une décision tranchée) et ceci même quand elles portaient sur un sujet utile. Cela a été le cas en matière de sécurité (plusieurs textes ne répondant pas aux besoins), d'immigration (loi sur le droit d’asile insuffisante) ou de la création d’emplois (avec des mesures couteuses et inefficaces, comme la prime à l’embauche). Cette logique de «compromis» explique pourquoi aucune réforme des retraites ne sera mise en place d’ici la fin de son quinquennat.


Renouvellement des thèmes. Macron a cité dans son discours de nouveaux thèmes comme le «plein emploi» ou «l’indépendance nationale». Ces thèmes visent à droitiser son discours pour gagner des électeurs, mais s’il peut tromper un instant certains citoyens, ses propos ne résistent pas à l’examen.


Premier exemple, quand Macron parle de «plein emploi» dans son «nouveau» discours, il oublie que son objectif de baisse du taux de chômage n'a jamais été que de 7% et non de moins de 5%, comme c'est le cas dans les pays voisins (Allemagne, etc.). Dans la pratique, le taux de chômage en France se situera au mieux entre 9 et 10% en fin 2021. Trop de promesses symboliques n’ont pas été tenues. De nouvelles places de prison n'ont pas été construites, la réduction des effectifs de la fonction publique de 2% n'a pas eu lieu, tout au contraire, le diplôme du bac apparait en voie de disparition à 96% de reçus.


Second exemple, Macron découvre tardivement l’enjeu que constitue l’indépendance de la France. Mais il parle simultanément de l’indépendance nationale et d’«indépendance européenne». Certes, le thème de l’indépendance était absent de son programme de 2017, mais les faits sont têtus et la déficience de produits pharmaceutiques a remis en premier plan de l’actualité la question des productions nationales. Malheureusement, rien ne suit ni aujourd'hui, ni d'ici 2022. Quand Macron opère la confusion entre «indépendance nationale» et «indépendance européenne», il confirme qu’il refuse la réalité. Un fédéraliste européen, comme l’est Macron, ne peut aucunement défendre l’indépendance nationale, puisqu’il aspire à ce que les décisions de notre pays soient prises par une instance de nature internationale. Il n’y a pas à ce jour aucun mouvement sérieux d’une reprise de la production nationale en France suite à l’étiolement de ces dernières années. Le Plan de relance, lancé il y a un an, débouche, à ce stade, sur des résultats négligeables.


L’«indépendance européenne» n’existe pas, tout simplement parce que l’UE n’est pas un pays. Chaque nation prend ses décisions. L’exemple des achats d’armements illustre la diversité des choix, souvent au détriment de la France. Au mieux, un projet peut rassembler plusieurs états européens (comme Airbus), mais cela n’a rien à voir avec l’Union européenne.


Changement. L’idée du «changement» revient en tête du discours de Macron. Il doit faire face au déficit public : +9,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2021 et un engagement d’un déficit de moins de 3% dès 2022. Ce chiffre définit bien les limites concrètes de ses ambitions affichées. Il n’y aura pas de second plan de relance. Le retour à la situation économique de la fin 2019 devrait être assez lent : 2023 ou plus tard.



LE PARTI DE MACRON SOUS LE CONTRÔLE D’ANCIENS PS


Communication du MIL du 27 juillet 2021


La République En Marche (LREM) vient de renouveler les membres de son «bureau exécutif» ou Burex ce 21 juillet 2021. Cette réorganisation a pour but de préparer la campagne électorale présidentielle d’Emmanuel Macron. Richard Ferrand, qui a été le premier patron du parti, a conduit la liste «Ensemble pour La République En Marche». Cette liste a recueilli un score exceptionnel de 81,84% des voix et remporté tous les sièges. Le taux de participation se serait élevé à 88% des 800 membres du Conseil national. Ferrand revient ainsi dans le bureau exécutif de LREM comme un maitre d’oeuvre. Les anciens socialistes qui ont accompagné le projet Macron sont très majoritaires dans cette instance, par rapport à quelques nouveaux venus et transfuges de droite (Brigitte Klinkert, Sébastien Lecornu et Marie Guévenoux).


On compte notamment dans le bureau exécutif des ex-membres du PS ou collaborateurs d’élus du PS :


Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement,

Bariza Khiari, ancienne co-déléguée générale d’En Marche,

Anne de Bayser, ancienne secrétaire générale adjointe de l’Elysée,

Jean-Marc Borello, dirigeant associatif,

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’Autonomie,

Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale,

Christophe Choserot, maire de Maxéville,

Roland Lescure, député des Français de l’étranger,

Bertrand Mas-Fraissinet, référent des Bouches-du-Rhône,

Ambroise Méjean, président des Jeunes avec Macron,

Sibeth Ndiaye, ancienne porte-parole du gouvernement,

François Patriat, président du groupe LREM au Sénat,

Stéphane Séjourné, conseiller du chef de l’État,

Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.


Dans l’immédiat, Stanislas Guérini (ex membre du PS) demeure à la tête de LREM. Mais, de fait, il en perd le contrôle.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) constate que LREM confirme son positionnement de parti de gauche social-démocrate, principalement avec des anciens de la mouvance Strauss-Kahn. Richard Ferrand reprend le contrôle complet et a choisi son équipe pour préparer l’élection présidentielle et les législatives de 2022. Ferrand a été membre du Parti socialiste (PS) durant 36 ans, de 1980 à 2016, avant de participer au lancement de Macron, en tant que secrétaire général de «En Marche». Il préside aujourd’hui l’Assemblée nationale. Mais néanmoins, c’est à lui que revient la tâche de reconstituer le noyau du parti de Macron. Il est conscient du malaise d’une grande partie des députés et sénateurs LREM. Depuis 2017, le groupe parlementaire LREM est passé de 314 à 270 membres en perdant 44 députés (-14%). Il a ainsi perdu la majorité absolue. Ses anciens membres constituent aujourd’hui une nébuleuse. Les anciens députés PS sont restés LREM. Ferrand a réussi à maintenir l’essentiel du groupe, en dépit du comportement méprisant de Macron vis-à-vis de ses parlementaires.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) prévoit que LREM pourrait connaitre des tensions avec ses alliées de centre gauche : le MoDem et Agir.


Pour la présidentielle, leur soutien à Macron semble acquis. Mais le sort réservé à François Bayrou par Macron peut toujours déboucher sur un lâchage le moment venu. S’ajoute le refus de Macron de mettre en place le scrutin proportionnel qui a fait naitre un véritable ressentiment chez les députés du MoDem.


Pour les législatives, la défaite de Macron engendrerait sans doute un éclatement complet des alliances actuelles et l’explosion des restes de LREM.