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VI­GILANCE & AC­TION - N° 481 juillet 2025    

 

LES COMMUNICATIONS ÉCRITES DU M.I.L



18 JUIN : LA FIDÉLITÉ, LA FLAMME ET LE COMBAT


Communication du MIL du 17 juin 2025


Le 18 juin 1940, Charles de Gaulle, exilé à Londres, lançait à la France l’un des appels les plus solennels et les plus solitaires de son histoire. Ce jour-là, il n’était ni chef d’État, ni chef de parti, ni même véritablement chef d’armée. Il n’était qu’un homme seul. Mais un homme debout. Un homme convaincu que la France ne pouvait mourir.


Ce que les ondes britanniques ont diffusé ce soir-là n’était pas seulement un message d’espoir : c’était un acte de foi. Foi dans la France. Foi dans les Français. Foi dans la liberté. À un pays vaincu, il disait : «La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre !».


Le 10 juillet 1940 : l’honneur dans la minorité


Quelques jours plus tard, à Vichy, 80 parlementaires disaient «non». Non à la capitulation morale, non à la trahison des institutions, non à la remise des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ils n’étaient que 80, face à une majorité silencieuse, apeurée, ou complice. Mais ils ont sauvé l’honneur de la représentation nationale.


Parmi eux, Léonel de Moustier, député du Doubs, ancien combattant de la Grande Guerre, homme de courage et de conviction. Il n’a pas simplement voté contre : il a résisté. Il est entré dans la clandestinité, a rejoint la Résistance intérieure, a été arrêté par la Gestapo, déporté au camp de Neuengamme, où il est mort en mars 1945. Pour cet engagement sans compromis, il a été fait Compagnon de la Libération à titre posthume, recevant ainsi l’un des plus grands hommages de la République.


Brazzaville : la France debout en Afrique


Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de la métropole occupée, d’autres Français refusaient aussi de courber l’échine. Le ralliement de l’Afrique équatoriale française – à l’exception du Gabon – à la France libre a constitué un tournant décisif. Le discours de Brazzaville, prononcé par de Gaulle le 27 octobre 1940, en est le point d’orgue.


Il y proclame : «La France n’est pas seule. Elle a un vaste Empire derrière elle. Cet Empire a commencé à répondre à l’appel que je lui ai adressé au nom de la France. […] C’est dans cet Empire que nous organiserons la résistance».


Ce ralliement n’aurait pas été possible sans le courage de Félix Éboué, gouverneur du Tchad, premier haut-fonctionnaire colonial à répondre à l’appel du 18 juin. Dès le 26 août 1940, il rallie son territoire à la France libre.


Dans un message resté célèbre, Éboué écrit : « La France ne peut pas mourir. Ce serait un crime contre l’humanité. »


Il fut suivi par d’autres figures africaines et administrateurs de l’Empire : René Malbrant, vétérinaire et député de l’Oubangui-Chari, Raymond Delange, André Parent, Jean Marchiani, Louis Sanmarco… Et des milliers d’Africains anonymes, tirailleurs, auxiliaires, personnels civils, qui formèrent la première armée de la France libre, bien avant que les Alliés ne la reconnaissent.


Ce fut grâce à cette base africaine – notamment à Brazzaville – que de Gaulle put organiser une administration, une armée, une diplomatie, et parler au nom d’un peuple encore debout. Le général disait souvent que «sans l’Afrique, la France libre ne serait qu’un mot vide».


Ce mouvement de ralliement s’étendit bientôt à d’autres territoires : les Nouvelles-Hébrides, Saint-Pierre-et-Miquelon, les possessions du Pacifique, et, en Amérique du Sud, la Guyane française, où le gouverneur Georges Éblé rejoignit de Gaulle en octobre 1943, contre les consignes de Vichy et malgré les risques personnels.


La France libre n’était pas qu’à Londres ou à Brazzaville. Elle était aussi sur le sol national, dans l’ombre, dans la clandestinité, dans les maquis, dans les caves, les bois, les greniers. Des femmes, des hommes, des adolescents, parfois des enfants, se sont levés. Ils étaient cheminots, agriculteurs, institutrices, prêtres, ouvriers, soldats. Ils ne portaient pas tous l’uniforme. Mais ils avaient la même étoffe.


Ils risquaient leur vie pour que la France ne soit pas réduite au silence, pour que notre drapeau ne soit pas confondu avec celui de la collaboration, pour que notre avenir ne soit pas bâti sur la soumission.


C’est par leur courage, leur sacrifice, leur fidélité, que Charles de Gaulle est devenu, non pas le chef d’une faction, mais le chef des Français libres, le porte-voix de la France résistante, le chef des libérateurs.


Aujourd’hui : ne pas laisser s’éteindre la flamme


Mais cette histoire, aujourd’hui, vacille. Elle s’efface dans les manuels scolaires. Elle s’amenuise dans les mémoires. Elle se dilue. Et pourtant, la mission continue.


Car la bête immonde n’est pas morte. Elle rôde toujours. Parfois dans les extrémismes violents, les terrorismes, les fanatismes. Parfois dans les idéologies identitaires ou déconstructrices. Parfois dans la haine de l’Occident, de la liberté, de la femme, de l’homme, de l’ordre, de la justice.


Notre monde est menacé par le retour des totalitarismes, souvent masqué par de nouveaux visages, de joli visages parfois, mais animé du même projet : soumettre l’humain, détruire la vérité, étouffer la conscience. Certains prétendent le faire «au nom de Dieu», d’autres «au nom de la Planète», d’autres enfin, au nom de nouveaux concepts qu’ils sont les seuls à véritablement comprendre.


Résister, transmettre, servir


C’est pourquoi s’il est important de commémorer. Il faut aussi transmettre. Il faut enseigner ce que fut ce sursaut. Il faut rappeler que la liberté, cette valeur cardinale, n’est jamais acquise, que l’honneur n’est pas une parure, mais un combat.


Aujourd’hui, notre devoir n’est pas seulement d’honorer ceux qui ont résisté. Il est de continuer à résister là où l’homme est rabaissé, là où la vérité est piétinée, là où l’oubli menace de faire mourir deux fois les morts.


Nous devons dire à nos enfants que la France est une idée autant qu’un territoire, et que cette idée vaut qu’on se batte pour elle.


Le 18 juin 1940, un homme seul a allumé une flamme. Il nous revient, 85 ans plus tard, de la porter à notre tour. Non pas comme un souvenir, mais comme une promesse.


Ce texte a été écrit par notre compagnon Yves d'Amécourt. Il est repris de son site internet.


https://yves-damecourt.com/18-juin-la-fidelite-la-flamme-et-le-combat/



SYNDICALISME ET DÉMOCRATIE :

LE DERNIER LIVRE MÉMOIRE DU PATRON DU SYNDICAT LIBRE. LA CSL


Communication du MIL du 27 juin 2025


Notre président du Comité d’Honneur Auguste Blanc, ancien patron du syndical libre, la CSL, a décidé, depuis plusieurs années, de rédiger ses mémoires. La lecture de ses mémoires vous permettront de découvrir des parties entières de l’histoire syndicale non communiste en France, souvent inconnu des non-spécialistes. Vous découvrirez des coulisses inconnues de beaucoup.


Il s’agit, pour nous, de participer à la diffusion d’une certaine histoire de France. C’est le sens de notre démarche. Mais, c’est aussi une démarche afin de nous montrer des chemins pour demain, en se souvenant de notre histoire et de l’histoire de certains de nos compagnons.


LIVRE IV. DU RENOUVEAU, VERS SYNDICALISME ET DÉMOCRATIE, PARTIE DEUX


Période allant du 29 octobre 1976 au 20 novembre 1977 (326 pages)


Vous en débuterez la lecture au matin du vendredi 29 octobre 1976, et l’achèverez le dimanche 20 novembre 1977 en fin de soirée, période riche en événements.

Contrairement à mes précédents livres, il est précédé d’un «Épilogue» à vous d’en découvrir le pourquoi.

Cet ouvrage devrait être suivi d’un autre intitulé :


LIVRE V. LA CSL, SA LUTTE ET SES COMBATS

Période allant du 22 novembre 1977 au 31 décembre1978 (379 pages)


TABLE DES MATIERES


Epilogue ; A l’attention de mes lecteurs ; Introduction et advertisement ;


Avant-propos


Chapitre un : Le 2 novembre débute la Partie deux du Livre Quatre ; René Bergeret est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite ; Le CCN de Colmar


Chapitre deux : L’Affaire Ford ; Déjeuner avec Jean Mattéoli


Chapitre trois : Un premier bilan ; L’affaire Heraud ; Le Conseil d’Etat supprime nos sièges aux CESR


Chapitre quatre : L’idée de démissionner était dans ma tête ; Election au PTT, la CFT améliore ses résultats


Chapitre cinq : L’attentat contre le siège de la CFT ; La Cogestion à la Française ; La tribune libre de FR3


Chapitre six : La tragédie de Reims ; La demission ; Réactions vigoureuse contre la CGT et le PC ; Les vacances 1977 à Sausset-les-Pins ; Le Manifeste de la Majorité, RPR et autres ; Nouvelle réaction anti-CGT/PC ; Lancement de la campagne préalable au Congrès de Marseille ; Affaire de Reims conférence de presse du 12 octobre 1977 ; L’Indépendance Syndicale n°64 Spécial Congrès


Chapitre sept : Ouverture du VIIIème Congrès National Extraordinaire de Marseille ; Rapport moral de Blanc ; Allocution de Jean Pirche ; Changement de Sigle, la CFT devient la CSL ; Election du nouveau Bureau Confédéral ; Allocution de Raymond Le Bourre ; Rapport de cloture


DU MÊME AUTEUR « MA VIE EN MÉMOIRE »


Livre I. L’arbre généalogique - Période allant du 15 novembre 1835 au 4 janvier 1958 (168 pages)


Livre II. Le service militaire - Période allant du 5 janvier 1958 au 1er juin 1960 (116 pages)


Livre III. La vie à Deux, Trois et Quatre, Partie Un - Période allant du 29 juillet 1960 au 14 octobre 1974 (338 pages)


Livre III. La vie à Quatre et le Syndicat, Partie Deux - Période allant du 15 octobre 1974 au 15 septembre 1975 (348 pages)


Livre IV. La CFT Renouveau, Partie Un - Période allant du 15 septembre 1975 au 29 octobre 1976 (404 pages)


Livre IV. Vers du Renouveau, Syndicalisme et Démocratie, Partie Deux - Période allant du 29 octobre 1976 au 20 novembre 1977 (326 pages)


A paraitre : Livre V. La CSL sa Lutte et ses Combats - Période allant du 22 novembre 1977 au 31 décembre1978 (379 pages)



ATTAL SE PREND POUR L’HÉRITIER DE MACRON


Communication du MIL du 30 juin 2025


Gabriel Attal a toujours été de gauche. Il a été militant du Parti socialiste de 2006 à 2016, et aussi conseiller auprès de la ministre socialiste de la Santé de 2012 à 2017.


En 2016, il a rejoint le parti de Macron «En marche». Il est devenu député en 2017 dans le sillage de la victoire de Macron. C’est à ce moment-là que démarre sa carrière au gouvernement. En 2018, il est nommé secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale, en 2020 porte-parole du gouvernement ; en 2022, ministre délégué chargé des Comptes publics ; en 2023, ministre de l'Éducation nationale. Début 2024, il succède à Élisabeth Borne et devient Premier ministre de janvier à septembre 2024. Sur le plan politique, il est aujourd’hui Secrétaire général du parti Renaissance et Président du groupe «Ensemble pour la République (EPR)» à l’Assemblée nationale. En tant que chef du parti Renaissance, il cultive une ambition présidentielle en vue de 2027 et prépare activement cette échéance. Il se positionne contre les autres candidats héritiers du macronisme qui, comme lui, veulent la poursuite du «bloc centriste», mêlant centre droit et centre gauche (avec les ex PS).


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) constate que le candidat Attal vise la poursuite du macronisme en dépit du bilan catastrophique de celui-ci depuis 2017. Il affirme «ne pas céder aux vieux clivages» et combattre «la dépendance aux extrêmes». Il se reconnait dans la démarche de Macron et «son intuition fondatrice : le dépassement politique». «Je ne renie rien et j’assume tout» déclare-t-il. Il évoque bien un «changement profond», mais «en restant fidèle au positionnement politique qui est le nôtre depuis 2017». C’est-à-dire, «une offre profondément radicale» entre la gauche et la droite.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) condamne la vision politique de Gabriel Attal. Il se déclare «profondément européen». En réalité, il est tout simplement un fédéraliste européen, comme Macron. Ils cherchent à transférer la plupart des responsabilités de la France vers l’Union européenne (UE) pour éviter d’avoir à assumer les problèmes et trouver les réponses en France.


Attal se présente comme «Libéral sur le plan économique». Très concrètement, il adopte des positions de certaines organisations patronales, sans aucune prise en compte de l’intérêt général et des réalités économiques de la France. Tout cela n'est pas du libéralisme, mais préfigure plutôt la recherche de futurs soutiens financiers pour la campagne présidentielle.


Il se dit ambitieux en matière de transition écologique. Il s’oppose à la recherche d’une maitrise réaliste des mesures écologiste et le contrôle des moyens mis en œuvre. Il chasse l’électeur écologiste rétif à l’offre des écologistes d’extrême-gauche.


Il se dit «progressiste sur les questions de société». Au-delà de ses options personnelles, il pourrait être dangereux, notamment, sur l’évolution des dispositions pour la «fin de vie», sur l’introduction de la Gestation pour autrui (GPA) en France. En fait, il compte mobiliser un public précis, majoritairement de gauche.


Attal pour attirer des électeurs se dit «très ferme sur les questions régaliennes, notamment en matière de sécurité et d’immigration», allant jusqu’à demander l’interdiction du port du voile pour les jeunes filles musulmanes. Mais depuis 2017, il est absent sur les sujets en matière de sécurité et de maitrise de l’immigration. Les adhérents du parti Renaissance ne le suivent pas sur ces thématiques et ont eu l’occasion de le lui dire. Qui pourrait croire qu’il puisse tenir des engagements sur ces questions ?


Enfin, les questions sociales sont absentes de sa vision, tout comme la réduction du déficit public, des dépenses de l’État et le remboursement de la dette qui a explosée depuis 2017.


Attal affirme sa totale opposition à la Droite républicaine : «Je ne vois pas de projet de société commun aujourd’hui entre LR et nous, a fortiori pour une élection présidentielle». «Nous avons en effet des divergences profondes sur un certain nombre de sujets». Il détaille sa critique de LR avec des arguments de polémique basique.


Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) dénonce et combat les positions et les projets du candidat Attal.



CHARLES PASQUA, DIX ANS DÉJÀ


Communication du MIL du 10 juillet 2025


Il y a dix ans, le 29 juin 2015, Charles Pasqua succombait à l’âge de 88 ans. Son plus proche collaborateur, Pierre Monzani, retrace la destinée politique et l’influence actuelle de l’ancien ministre de l’Intérieur. Repris de Valeurs Actuelles du 29 juin 2025


Valeurs actuelles. Dix ans après son décès, pourquoi Charles Pasqua demeure-t-il toujours une figure tutélaire de la droite républicaine ?
Pierre Monzani. Charles Pasqua incarne l’autorité, mais aussi la proximité avec les Français. C’est un homme de rassemblement. Sa vision s’inscrit typiquement dans l’esprit gaulliste. Pour Charles Pasqua, la nation pour être forte, ne doit laisser aucun de ses enfants au bord du chemin. Ce mélange de fermeté et d’attention aux autres, que défendait Charles Pasqua, manque cruellement aujourd’hui à notre classe politique. Malheureusement, quand il y a un manque, il est comblé par un souvenir. C’est ce qui explique toujours la pérennité de la mémoire et de l’héritage politique de Charles Pasqua à droite.


Justement, pourquoi Charles Pasqua est-il pris comme modèle par la nouvelle génération d’élus de droite ?
Les figures tutélaires renvoient au vide de notre société. Pourquoi Charles Pasqua manque-t-il tant à la droite républicaine ? Premièrement, Charles Pasqua méprisait le politiquement correct et avait cette capacité de parler-vrai en toute circonstance. Deuxièmement, il avait cette obsession constante de l’autorité. Une autorité exercée sans haine et sans complexe. Troisièmement, pour lui, la politique devait avoir une dimension humaine. Il me disait toujours : «Ne faites pas de politique et d’administration publique, si vous n’aimez pas les gens». C’est donc cette nostalgie et ce besoin d’une France forte, qui portent le souvenir de la figure de Charles Pasqua.


Lutte contre l’immigration clandestine, débat sur l’identité nationale, union des droites… Les idées pasquaiennes infusent toujours dans le débat public. En quoi a-t-il été visionnaire sur les défis politiques de notre temps ?
Charles Pasqua est avant tout un gaulliste. Son engagement politique est né dans l’enracinement de la Résistance. C’est-à-dire la volonté de rassembler autour de l’amour de la France. Mais surtout, un amour véhiculé sans haine. Les élus, qui aujourd’hui, se revendiquent du gaullisme en portant un discours de haine, n’ont rien compris aux valeurs de la France Libre. Dans le contexte actuel, pour un homme comme Charles Pasqua, tout déficit de l’autorité de l’État appelle à des solutions fermes et sans complexes. C’est sans doute cela, je dirais, la marque Pasqua.


Comment résumeriez-vous le mantra sécuritaire de Charles Pasqua ?
La vision de l’État de Charles Pasqua se résume de la manière suivante : «Un bon régime tient les hauts et laisse vivre les bas». C’est-à-dire l’autorité, l’affirmation du régalien et l’application de sanctions immédiates et fermes pour ceux qui ne respectent pas l’ordre public. Pour Charles Pasqua, cela induisait une défense farouche de la France dans le monde et de la francophonie. Son maître-mot est la liberté pour tous et surtout «d’arrêter d’emmerder les Français». Malheureusement, aujourd’hui, c’est l’inverse. Les politiques tentent de régenter le bas par la contrainte, faute de pouvoir agir sur les hauts.


En 2002, Charles Pasqua a tenté de se présenter à l’élection présidentielle. Quelles étaient alors ses principales mesures pour redresser la France du déclin ?

Il faut relire ses deux ouvrages programmatiques, écrits dans le cadre du lancement de son mouvement «Demain la France», dans les années 1990. Ces essais sont prémonitoires. Il y a écrit ce qui hélas adviendrait de la France dans l’avenir : la désindustrialisation, la crise de la ruralité, l’abandon des souverainetés, le renoncement à l’aménagement du territoire, le risque social des banlieues. Bref, le danger d’une France laissée aux vents changeants du court-termisme. Charles Pasqua était opposé à ce fatalisme. Tous ces sujets ont été au coeur de son action politique, notamment lors de ses passages au ministère de l’Intérieur, pour préparer l’avenir du pays et avec la volonté d’agir pour changer les choses.


Pourquoi le gaullisme est-il la valeur cardinale de l’engagement politique de Charles Pasqua ?
Il se méfiait du monde de l’argent. Il avait horreur des snobs et des parvenus. Son gaullisme est celui de l’authenticité, de la fierté de ses racines et de ses origines modestes. Pour Charles, une vocation politique sincère n’est pas conciliable avec l’enrichissement personnel. Son gaullisme est avant tout un rapport au peuple. Ce rapport charnel aux Français est la clé du maintien de l’État et de la nation. Il était prêt à tous les sacrifices pour la patrie. Son gaullisme le transcendait. Son engagement dans la résistance est révélateur de la personnalité de Charles : il était prêt à mettre sa peau au bout de ses idées. Son gaullisme était celui du grand compagnonnage, de tous ceux qui ont risqué leur vie pour la France. Sa fidélité au général de Gaulle était équivalente à celle d’un grognard pour l’Empereur.


Roger Frey, Raymond Marcellin, Michel Poniatowski... Parmi tous les ministres de l’Intérieur de droite de la Ve République, ses deux passages à Beauvau sont les plus marquants. Comment expliquez-vous cette pérennité de l’héritage de Charles Pasqua au ministère de l’intérieur ?
Ses deux passages sont marqués d’une reconnaissance et d’une estime pour ses prédécesseurs. Charles a laissé son empreinte, car il était très professionnel dans l’exercice de sa fonction, s’est entouré de collaborateurs compétents et a traité avec beaucoup de rigueur les sujets liés à sa sécurité. Il était fier d’exercer cette fonction. En républicain convaincu, il y avait chez lui cette émotion d’ancrer ses pas dans ceux de Georges Clemenceau. Pour autant, il n’a pas cherché à se prendre pour lui, ni même à lui ressembler. En tant que ministre, il n’a jamais douté du fait que la sécurité est la première des libertés. Pour lui, on ne négocie pas avec les voyous, on doit combattre ces marginaux et faire régner l’ordre en toute circonstance. Il avait également une affection sincère pour les forces de l’ordre, qu’il considérait et prenait plaisir à rencontrer sur le terrain.


La préservation de l’identité nationale est un sujet éminemment d’actualité dans la classe politique. Charles Pasqua a été l’un des précurseurs de ce combat politique. À l’inverse d’une Marine le Pen ou d’un Éric Zemmour, qu’est-ce-qui caractérise la vision identitaire de Charles Pasqua ?
La France est un pays rassembleur. Une nation accueillante et exigeante à la fois. Pour lui, le plus important est de chanter la Marseillaise et de le faire avec son coeur. Si vous êtes un étranger qui aime sincèrement la France, s’en approprie la culture et en revendique les valeurs, alors vous êtes le bienvenu. En revanche, Charles Pasqua était opposé aux profiteurs et à tous ceux qui crachent sur le pays. La France de Charles Pasqua est celle du rassemblement des volontés, désireuses de donner un nouvel élan à leur nation.


Charles Pasqua a été la Némésis de la gauche pendant de très nombreuses années. Encore aujourd’hui, même dix ans après sa mort, il est diabolisé et conspué par le camp du bien. Leur manquerait-il ?
La gauche a toujours su diaboliser le débat public. Pourquoi présenter Charles Pasqua, comme un monstre «d’extrême droite» ? Tout simplement, il a été beaucoup plus proche du peuple, que le PS ne l’a été. Il était beaucoup plus soucieux des questions sociales que la gauche elle-même. Quand un adversaire politique vous dérange, c’est toujours plus simple de le diaboliser. Je remercie la gauche de lui avoir accordé un tel hommage.


La vie du préfet Pierre Monzani est intiment liée à celle de Charles Pasqua. Leur première rencontre remonte à 1994, date à laquelle le ministre de l’Intérieur le nomme au poste de conseiller sécurité, dans son cabinet. Leur aventure commune se poursuit dans les Hauts-de-Seine. Pierre Monzani devient alors son conseiller technique à la présidence du département. En 1999, il s’engage dans l’aventure du Rassemblement pour la France (RPF). Membre-fondateur du mouvement, il en devient le secrétaire général adjoint au cours de la campagne des Européennes de 1999. Secrétaire général du groupe Union pour l’Europe des nations (UEN) au Parlement européen, il prend la direction du pôle universitaire Léonard de Vinci, que Charles Pasqua a lui-même fondé avec Christian Labrousse. L’ancien locataire de la Place Beauvau, désireux de se présenter à l’élection présidentielle de 2002, le sollicite pour récolter les parrainages d’élus nécessaires à sa candidature. Dans les années 2010, empêtré dans une série de déboires judiciaires, Charles Pasqua peut compter sur la fidélité de son ami pour le soutenir devant les juges. En 2015, à la demande des petits-enfants de Charles Pasqua, Pierre Monzani prononce l’oraison funèbre de l’ancien ténor de la droite, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides.


Pierre Monzani est intervenu à la XVII° Convention Nationale du MIL de 2007