VIGILANCE & ACTION - N° 482 Août 2025
LES COMMUNICATIONS ÉCRITES DU M.I.L
«LA GUERRE EN EUROPE EST DÉJÀ LÀ EN 2025»
Communication du MIL du 19 juillet 2025
Repère : «La Russie est une menace durable, proche, et qui est pour moi la plus dimensionnante » a déclaré l’actuel chef d’état-major des armées françaises.
Le chef d’état-major des armées Françaises vient de donner son analyse des rapports de force lors d’une conférence de presse le vendredi 11 juillet 2025. Il a fait le point sur les «menaces qui pèsent sur la France». Trois États ont été nommés pour la menace qu'ils représentent : l'Iran, par son terrorisme islamiste et au travers de ses prises d’otages, la Chine par son expansionnisme (par exemple, sa volonté de contrôler la mer de Chine et Taiwan) et, principalement, la Russie qui est la fois une menace durable, proche et «dimensionnante». La force est redevenue, pour les États totalitaires, le moyen préféré pour imposer leurs choix. L’ordre international, hérité de 1945, se trouve très concrètement remis en cause (contestation explicite des principes du droit international, des démocraties, de l’exercice des libertés).
Le chef d’état-major des armées considère que «la France est le premier adversaire en Europe de la Russie, ce n'est pas moi qui l'ai dit, mais Vladimir Poutine». Il s’agit d’une «menace durable». «Cela ne veut pas dire qu’il ne s’occupe pas des autres pays», comme par exemple le Royaume-Uni. La Russie pourrait redevenir une menace pour le flanc Est de l'Europe avant 2030. «La défaite de l'Ukraine serait une défaite européenne» car les buts de guerre de Poutine sont clairs : «affaiblir l'Europe et démanteler l'Otan».
La France, puissance nucléaire, parait protégée par sa dissuasion. Elle ne devrait pas «se faire attaquer directement et lourdement sur le territoire national». Mais la Russie a «beaucoup d’autres options» via des actions hybrides, incluant désinformation, sabotages, cyberattaques ou espionnage. De fait la Russie se livre à une «guerre hybride» dont la France est une cible prioritaire «dans tous les domaines : dans l’espace, dans le cyber, dans les fonds marins» ou «dans le champ informationnel». En effet, les Français sont directement visés, par la désinformation, c’est à dire la diffusion de fausses nouvelles (dans des médias, des réseaux sociaux, par des influenceurs). La défense des intérêts de la France doit être assurée contre les menaces hybrides, sachant que celles-ci «freinent la prise de décision» car elles sont difficilement attribuables immédiatement.
Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) est bien conscient que la Russie bénéficie en France de la présence de nombreux agents russes (au moins le personnel des ambassades et ses entités). Mais aussi du soutien de Français, complices, directs ou indirects d’une puissance étrangère. Il faut, aussi, rappeler que tous les pays espionnent la France, que cela soit par nos alliés, par nos amis ou par nos adversaires.
Selon le chef d’état-major des armées, le risque de guerre en Europe n’est plus une hypothèse lointaine, il est désormais tangible et visible. Il s’explique par le changement de l'environnement stratégique dans un monde «marqué par des crises qui se multiplient et se superposent». La Croix-Rouge (CICR) dénombre 130 conflits en cours dans le monde contre 30 conflits dans les années 1990.
Cette prolifération des conflits conduit à une instabilité chronique, avec une superposition des crises et il n’y aura pas, sauf exception, de retour en arrière. Le patron de la DGSE a également alerté récemment sur la dégradation rapide de l’environnement stratégique mondial dans tous les champs : militaire, économique, informationnel, spatial, numérique.
Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) rappelle qu’il existe plusieurs autres menaces. En premier lieu la menace terroriste (Islamiste). La montée du narcotrafic ou l'orpaillage illégal. Le sabotage des câbles sous-marins et des satellites. Le changement climatique susceptible de devenir «un catalyseur de chaos» avec des tensions sur les ressources, un renforcement des flux migratoires, des désordres politiques.
Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) insiste, une fois de plus, sur l’importance fondamentale de mobiliser rapidement un budget du ministère de la Défense à la hauteur des enjeux actuels. La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 apparait insuffisante. Le budget doit enfin être massivement augmenté dès 2026 et 2027, sans être touché par une réduction budgétaire imposée par le déficit. La défense de la France est une affaire nationale. Elle vise à assurer l’indépendance économique et militaire de notre pays. Elle ne relève pas de l’Union européenne. Une fois la priorité nationale assurée, il est naturel d’entretenir des relations avec nos alliés : Grande-Bretagne, pays de l’Union européenne qui partagent cette volonté, dans le cadre de leurs engagements. Les dérives fédéralistes en matière militaire, évoquées par Macron, sont des leurres qui doivent être combattus, car ils ne sont ni viables ni souhaitables. Seule une démarche nationale est possible dans le domaine de la défense, même s’il existe des accords de défense entre des pays.
Relire la Communication du MIL du 12 mars 2025 : «La défense de la France doit toujours être une priorité».
EN 1958, DE GAULLE A REDRESSÉ LA FRANCE, C’EST POSSIBLE AUJOURD’HUI ?
Communication du MIL du 24 juillet 2025
La dette publique française dépasse aujourd’hui 3.200 milliards d’euros. Depuis 1974, aucun budget n’a été voté à l’équilibre. Le déficit atteint plus de 5 % du PIB en 2024, dans un pays déjà champion mondial des prélèvements obligatoires. Notre commerce extérieur accuse un déficit abyssal, notre balance des paiements n’est sauvée que par les dividendes de quelques grandes entreprises… qui investissent désormais davantage à l’étranger qu’en France.
Dans le même temps, l’école s’effondre, la recherche recule, les hôpitaux s’essoufflent, l’énergie devient chère et instable, et l’État, malgré son poids croissant, semble incapable de remplir ses missions les plus élémentaires. À force d’acheter la paix sociale à crédit, nous avons rompu le lien entre effort et récompense. L’administration prolifère, les normes s’empilent, les talents fuient. Les entrepreneurs renoncent, les investisseurs hésitent, les jeunes doutent. Et la classe moyenne s’appauvrit, écrasée de charges, privée de perspectives.
Cette impasse n’est pas une fatalité. L’histoire l’a déjà montré. En 1958, la France connaissait une crise comparable. Elle a trouvé les ressources pour se relever. Elle peut recommencer. Encore faut-il le vouloir.
1958 : la faillite évitée de justesse
Quand le général de Gaulle revient au pouvoir le 1er juin 1958, la situation est désastreuse. La IVe République est à bout de souffle. La guerre d’Algérie fracture la nation. L’inflation dépasse 15 %. Le déficit public explose. Les réserves de change sont exsangues. La France quémande un prêt au FMI pour finir le mois. Le franc s’effondre, les prix flambent, l’activité ralentit.
«Sur tous les postes à la fois nous sommes au bord du désastre», écrit de Gaulle dans ses Mémoires d’Espoir. Et il ajoute, avec cette dramatisation qu’il manie comme une arme : «En somme, l’alternative, c’est le miracle ou la faillite».
Les chiffres sont glaçants : en 1957, le déficit extérieur dépasse 1,2 milliard de dollars. Il faut 350 francs pour un dollar. Le budget 1958 prévoit un «découvert» d’au moins 1.200 milliards d’anciens francs. Les engagements européens pris au titre du traité de Rome ne peuvent pas être tenus. La France n’a plus ni crédit, ni confiance.
Et pourtant, à cette heure critique, elle trouve en elle-même la force de rebondir.
Une vision, une méthode, une équipe
De Gaulle constitue en quelques jours un gouvernement resserré, autour d’hommes d’expérience et de conviction. Georges Pompidou devient son directeur de cabinet. Michel Debré entre à la Justice. Maurice Couve de Murville prend les Affaires étrangères. Le très populaire Antoine Pinay est nommé aux Finances. Et dans l’ombre, un homme joue un rôle central : Jacques Rueff, économiste libéral, polytechnicien, ancien collaborateur de Raymond Poincaré et de Paul Reynaud, adversaire résolu de John Maynard Keynes.
Dès l’été 1958, Rueff, soutenu par Roger Goetze, ancien directeur du Budget, rédige un plan de redressement. Il préconise une thérapie de choc : dévaluation de 17,5 % du franc, arrêt des subventions aux entreprises déficitaires, suppression de l’indexation des salaires, stabilité monétaire, réduction vigoureuse des dépenses, ouverture de l’économie française au Marché commun.
«L’inflation, écrivait Rueff, c’est la taxation des plus pauvres par la lâcheté des gouvernants».
Pinay hésite, mais accepte finalement d’associer son nom au plan, après une ultime discussion avec Goetze et un plaidoyer personnel de De Gaulle. Le 28 décembre 1958, le Général s’adresse à la nation : «Je ne cache pas que notre pays va se trouver quelque temps à l’épreuve. Mais le rétablissement visé est tel qu’il peut nous payer de tout».
Et il ajoute : «Nous avons adopté et, demain, nous appliquerons tout un ensemble de mesures financières, économiques, sociales, qui établit la nation sur une base de vérité et de sévérité, la seule qui puisse lui permettre de bâtir sa prospérité».
La confiance par la vérité
Le plan Rueff-Pinay est mis en œuvre sans délai. La nouvelle monnaie – le «nouveau franc» – entre en vigueur au 1er janvier 1960. Les dépenses sont contrôlées, les rentiers secoués, l’épargne encouragée. L’ouverture au traité de Rome est confirmée, malgré les réticences d’une partie du patronat et de la classe politique. De Gaulle tranche : «À l’ère de la compétition, il faut être compétitif».
Le choc est rude, mais salutaire. L’inflation recule rapidement. Le budget est équilibré dès 1959. Les investissements reprennent. Le commerce extérieur redevient excédentaire. L’économie française, loin de sombrer, se relance. Les Trente Glorieuses peuvent commencer.
Ce succès n’est pas dû au hasard. Il résulte d’une méthode. Une vision claire. Quelques principes forts. Une équipe compétente. Et, surtout, un dialogue sincère entre le chef de l’État et les Français.
Michel Debré le dira plus tard : «Le peuple français n’a pas peur des efforts. Il a peur du mensonge».
Et aujourd’hui ?
La situation actuelle n’est pas moins grave. La dette, l’inflation, les déficits, la désindustrialisation, la défiance. Tout y est. Ce qui manque, c’est une colonne vertébrale. Une capacité à dire la vérité. Une volonté politique.
Ce que 1958 nous enseigne, c’est qu’aucun redressement n’est possible sans un pacte de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. De Gaulle a su parler au peuple comme à une grande personne. Il ne l’a pas cajolé. Il l’a regardé dans les yeux. Il lui a dit : voilà où nous en sommes, voilà ce qu’il faut faire. Et le peuple a suivi. Parce qu’on l’avait respecté.
Ce pacte repose sur trois piliers. D’abord, la liberté : libérer les forces vives de la nation, simplifier, alléger, encourager, faire confiance à ceux qui travaillent, innovent, entreprennent. Ensuite, la vérité budgétaire : recentrer la dépense publique sur les fonctions régaliennes – énergie, recherche, infrastructures – et cesser de croire que chaque difficulté appelle un chèque. Enfin, la responsabilité : récompenser l’effort, soutenir les actifs, refuser les rentes et les clientélismes.
«Non point, certes, que, tel qu’il est, on puisse méconnaître la grande valeur fondamentale de notre pays», écrivait De Gaulle. «Mais à présent, le système l’isole et l’endort». Il appelait à «sortir la France de l’ancien protectionnisme» et à engager l’économie dans «l’expansion au-dehors comme critérium de sa réussite».
La grandeur n’est pas un souvenir
La France de 2025 n’est pas moins riche de talents que celle de 1958. Elle a des ingénieurs, des agriculteurs, des chercheurs, des ouvriers, des entrepreneurs remarquables. Elle a une jeunesse pleine de ressources. Ce qu’elle attend, ce n’est pas un protecteur de circonstance, mais un capitaine. Quelqu’un qui sache où aller, pourquoi, et avec qui.
Rueff, Goetze, Pinay, Pompidou, Debré, Couve de Murville. Une équipe. Une méthode. Une vision. Et un président qui engage le pays dans un discours de vérité, sans faux-semblants.
De Gaulle l’avait compris. «À la tête de la France, dans le calme ou dans l’ouragan, les problèmes économiques et sociaux ne cesseront jamais d’être au premier plan de mon activité comme de mes soucis».
Cette phrase, chacun de nos dirigeants devrait la relire chaque matin. Car elle dit tout. Et elle suffit à rappeler que redresser la France, ce n’est pas impossible. C’est juste urgent.
Ce texte a été écrit par notre compagnon Yves d'Amécourt. Il est repris de son site internet.
https://yves-damecourt.com/
10 SEPTEMBRE 2025, L’EXTRÊME-GAUCHE À LA MANŒUVRE
Communication du MIL du 25 août 2025
Depuis plusieurs semaines, sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes très actifs appellent au blocage de la France le 10 septembre 2025. Des mots d’ordre divers sont mis en avant, dont certains sont clairement insurrectionnels. Initialement perçu comme sans appartenance partisane, ce mouvement nébuleux est aujourd’hui officiellement récupéré par l’extrême-gauche.
Une partie des idées exprimées est reprise de certaines positions du mouvement des «Gilets jaunes». Mais il est différent car il s’appuie sur d’autres motifs : l’insatisfaction face à la situation politique (suite à la dissolution) et le rejet des propositions budgétaires 2026 annoncées mi-juillet par Bayrou.
Le réseau «Indignons-nous» s’exprime au travers d’une messagerie (Telegram) disposant d’une boucle générale et nationale et de sous-groupes régionaux, départementaux. Les modes d’action évoqués restent encore divers : grèves, désobéissance civile, actions «virulentes» (c‘est-à-dire violente). Les moyens de mobilisation sont divers : messages, articles, vidéos, tracts, affiches, chants. Les mots d’ordre invitent au désordre : «Arrêter toutes activités», «Renverser la table», «Destituer Emmanuel Macron», «Reprendre la révolution française», «Retirer votre argent des banques».
Sur les réseaux sociaux, des modérateurs tentent de limiter les propos politiques condamnables, dont les appels à la haine, les propos complotistes ou antisémites. Leur volonté est de structurer les échanges et de se retrouver au minimum sur un objectif : «refuser le projet de budget 2026 proposé par Bayrou».
Plusieurs organisations syndicales soutiendraient indirectement, voir directement, le mouvement avec des discours distincts (Force ouvrière (FO) et des structures de la Confédération générale du travail (CGT)).
Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) constate que La France Insoumise (LFI) vient d’apporter son soutien au mouvement «Bloquons tout». LFI appelle ses militants et sympathisants à rejoindre ce mouvement pour mettre la France à l’arrêt le 10 septembre. Jean-Luc Mélenchon mène une offensive déterminée pour faire tomber le gouvernement. Il veut profiter de la demande de vote de confiance début septembre pour déposer une motion de censure. Déjà, LFI, le PS, le RN ont annoncés qu’ils voteraient la motion de censure. Son unique but est d’obtenir une démission de Macron et une élection présidentielle où il ne disposerait pas de concurrent sérieux et préparé à gauche.
Ce soutien politique de LFI est très diversement apprécié par l’équipe initiale des internautes de «bloquons tout», mais l’entrisme au sein du mouvement par des militants insoumis sur le terrain local est devenu un fait incontestable. Les Ecologistes et le Parti communiste français (PCF) participeront, à cette journée du 10 septembre. Tandis que le Parti socialiste (PS) reste, à ce jour, attentiste mais prêt à soutenir ce mouvement.
Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL) comprend et partage les critiques face à une situation politique incertaine (faute de majorité à l’Assemblée) et au Projet de loi de finances 2026 annoncé par Bayrou, qui sanctionne davantage les Français et les entreprises, sans réduire notablement les dépenses publiques, les détournements (tva, carte vitale, arrêts maladies) et les abus des aides et des subventions (cmu, refugies politiques issu de région non en guerre, traitement des clandestins, …). Mais la réponse à cette situation doit être recherchée au niveau du Parlement, dans le cadre des institutions de la République, ou lors de nouvelles échéances électorales.
Tout le monde sait que l’indépendance et l’autonomie politique d’un tel mouvement de protestation est un leurre évident. Il sera contrôlé par les insoumis dans la réalité de l’action.
Le «mouvement social Bloquons tout» aura, sur le terrain le 10 septembre, un impact encore difficile à prévoir par son importance, mais, au-delà des instigateurs initiaux dans les réseaux sociaux, il pourra donner une occasion d’action à des extrémistes et des ultras de gauche, plus des casseurs et des pillards. Et il pourra donner à des citoyens la possibilité d’exprimer leur ras-le-bol des taxes, impôts, contraintes administratives et répression de ces derniers plutôt que celle de la délinquance organisée.
POURQUOI JE NE PEUX PAS ACCORDER MA CONFIANCE À FRANÇOIS BAYROU
Communication du MIL du 2 septembre 2025
Chers Amis, vous le savez, le 8 septembre je serai amené à me positionner sur le vote de confiance demandé par le Premier Ministre François Bayrou.
Je ne peux pas accorder ma confiance à Monsieur Bayrou et je veux ici vous expliquer en détail les raisons de ce choix.
Je veux d’abord répondre à l’argument du vote «de responsabilité pour éviter le chaos» en rappelant qui est à l’origine de l’instabilité politique que nous connaissons actuellement. Le Président de la République est à l’origine de la période que nous traversons en ayant décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, vexé par le score de son parti aux élections européennes. En choisissant de demander un vote de confiance, François Bayrou acte lui-même la fin de son mandat à Matignon. Il n’a aucune chance de remporter ce vote et je ne vois aucune raison de lui lancer une bouée de sauvetage qu’il ne mérite vraisemblablement pas.
Si nous avons collectivement accepté que les Républicains rejoignent le Gouvernement de Michel Barnier, en septembre dernier, c’est pour éviter que les amis de Monsieur Mélenchon ne s’emparent du pouvoir car ils sont dangereux, et pour éviter que notre pays ne reste plus longtemps sans exécutif. Je ne regrette aucunement ce choix, d’autant plus qu’il a permis à notre pays de pouvoir compter sur des Ministres solides qui portent nos valeurs comme Bruno Retailleau à l’Intérieur, Annie Genevard à l’Agriculture ou encore Yannick Neuder à la Santé.
Mais ce choix de responsabilité assumé n’a jamais eu pour objectif de se fondre dans un macronisme finissant dont chacun d’entre nous avait acté les échecs, les insuffisances mais également le peu de respect qu’il avait eu depuis 2017 pour les valeurs et les idées que la Droite Républicaine doit porter. Or, voter la confiance à François Bayrou avant l’examen des textes budgétaires, alors même qu’aucune négociation n’a été menée durant l’été revient à lui accorder un chèque en blanc, ce qui est inacceptable.
Il faut reconnaître que le Premier Ministre fait preuve de lucidité et d’un certain courage sur le constat qu’il fait de l’état de nos finances publiques. Notre pays ne peut pas continuer à dépenser autant et à s’endetter de la sorte. Notre déficit public pèsera sur les générations à venir et nous met, à court terme, sous la menace des pays et organismes qui financent notre dette et pourraient devenir hostiles. Mais il oublie dans ce constat de dresser la responsabilité du dérapage de nos comptes publics depuis l’élection d’Emmanuel Macron qu’il a été le premier à soutenir tout comme il avait soutenu Ségolène Royal et François Hollande face à Nicolas Sarkozy. Depuis 2017, 1.000 milliards de dette supplémentaire sont le résultat de la politique économique des différents gouvernements, alors que le poids des dépenses liées au soutien à l’économie pendant le COVID (qui étaient nécessaires) n’en représente que le quart.
Au-delà du constat, les solutions proposées par François Bayrou pour résorber notre déficit vont à l’encontre des valeurs défendues par la droite. Alors que notre ligne directrice doit être de défendre les Français qui travaillent ou qui ont travaillé toute leur vie, l’ensemble de l’effort de réduction du déficit proposé pèse à nouveau sur ceux qui paient déjà tout, sans avoir droit à rien. Que ce soit la mesure de suppression de deux jours fériés ou le gel des pensions de retraite, les seules mesures précises sont des solutions de facilité à court terme qui ne traiteront pas les causes structurelles de notre déficit.
Il faut évidemment réduire le train de vie de l’État en coupant nettement les crédits aux agences et organismes qui, pour certains, ne produisent rien et servent à recaser des amis battus aux élections. Je ne peux pas faire confiance à François Bayrou sur ce point, puisque tous les organismes dont j’ai proposé la suppression dans le cadre des débats sur la simplification administrative ont été sauvés par l’alliance du MoDem et de la gauche.
Rien non plus n’est proposé par le Premier Ministre pour lutter contre l’assistanat et les fraudes sociales et fiscales. Dans un pays qui compte plus de 5 millions de personnes sans emploi, il n’est pas concevable que 500.000 emplois restent non pourvus et que des centaines de milliers le soient par des personnes de nationalité étrangères, faute de candidats. La seule solution durable est de limiter les aides sociales et je déposerai une proposition de Loi en ce sens dans les semaines à venir. Un pays où le travail ne rémunère pas mieux que le recours aux prestations sociales n’a pas d’avenir. De même, les 15 milliards d’euros de fraude fiscale estimés par les services du Ministère des Finances constituent une ressource à aller chercher en urgence tout comme les niches fiscales profitant aux plus fortunés doivent être remises en question une à une.
Des pistes de solutions, il en existe bien d’autres et elles devront faire l’objet d’un débat sérieux.
Le Premier Ministre sera renversé le 8 septembre prochain, c’est une quasi-certitude. Il appartient d’ores et déjà au chef de l’État de trouver son successeur qui devra former un Gouvernement rapidement.
L’instabilité qui pourrait être créée par la chute de François Bayrou est un risque. Mais l’immobilisme dont fait preuve l’actuel locataire de Matignon depuis son arrivée l’est tout autant.
Voilà pourquoi je n’accorderai pas ma confiance à François Bayrou.
Voilà pourquoi je continuerai également à défendre à l’Assemblée nationale les valeurs que nous avons en commun et qui constituent le socle sur lequel vous m’avez fait confiance depuis 2017.
Vous pouvez compter sur moi, Fidèlement,
Ian BOUCARD, Député LR du Territoire de Belfort